« On a limité la casse », lance Thierry Roquefeuil, président de l’interprofession laitière (Cniel), contacté par La France Agricole le 16 juin 2020. Associé à l’aide au stockage privé, le dispositif de lissage du pic de collecte du Cniel a possiblement contribué à l’embellie des cotations beurre poudre. « La fin de l’année sera peut-être moins catastrophique que prévu », avance le président.
Dispositif « exceptionnel »
À la fin de mars 2020, le Cniel annonçait le lancement d’un plan inédit de réduction volontaire des livraisons sur avril, avec une indemnisation des volumes « évités ». Il a néanmoins fallu attendre le 5 mai 2020 pour recevoir l’approbation de Bruxelles et l’entrée en vigueur des mesures exceptionnelles de gestion des marchés de la Commission européenne.
« Nous devions prendre les devants, explique Thierry Roquefeuil. Au début du confinement, les industriels doutaient de leur capacité de collecte et de transformation de la totalité du lait. Il fallait donc éviter de produire ce qui ne trouverait pas de débouchés. » Le communiqué du Cniel, publié le 16 juin 2020, précise que cette mesure « a été portée à l’unanimité » par les quatre collèges : producteurs, coopératives, industriels privés et distribution.
15 millions d’euros pour renflouer les trésoreries
L’enveloppe de 10 millions d’euros prévue initialement par l’interprofession ne sera finalement pas suffisante. De fait, les données remontées par les transformateurs font état de 22 000 exploitations avec une production en repli de plus de 2 % sur un an en avril. « Près de 48 millions de litres de lait ont été évités, note le président du Cniel. Le fonds de solidarité a donc été revu à la hausse : 15,3 millions d’euros seront nécessaires. » Les paiements, à hauteur de 320 €/1 000 litres non produits en avril 2020, débuteront en juillet. Les baisses de production au-delà de 5 % ne sont pas couvertes par l’indemnisation.
D’après l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer, la collecte du mois d’avril a été amputée de 14 millions de litres par rapport à l’année dernière. « Certains élevages ont maintenu ou augmenté leur production sur cette période, explique le président de l’interprofession. Sans l’incitation au lissage, l’équation aurait été plus problématique. »
« Nous sommes allés jusqu’au bout du dispositif, conclut-il. En espérant que cela servira d’exemple à l’échelle européenne. La réactivité est primordiale en temps de crise ! »