La France est en retard sur ses objectifs de neutralité carbone et de transition énergétique, et les efforts à fournir seront lourds dans les décennies qui viennent. Tel est le constat de deux rapports sur le futur énergétique de la France à l’horizon de 2050.

Sept scénarios

L’un est issu de RTE (Réseau de Transport d’Électricité), le gestionnaire de l’équilibre énergétique de la France. Il présente six scénarios différents. Le second vient de l’association Négawatt. Un scénario y est détaillé. Au total, cela représente sept prospectives où l’énergie est décarbonée, avec une part de nucléaire variant de 0 à 50 %. Le monde agricole est concerné par l’ensemble de ces scénarios.

À lire aussi : Les Français sont favorables aux énergies renouvelables (12/10/2021)

Augmenter la production d’énergies renouvelables

Un des points communs de chacune de ces projections est la nécessité d’un développement des énergies renouvelables plus rapide. Même dans son scénario le plus pronucléaire, le gestionnaire du réseau de transport électrique table sur une multiplication par 7 de la production photovoltaïque et par 2,5 de la production éolienne. Or, d’après l’Agence de la transition écologique (Ademe), 20 % de la production d’énergie renouvelable française est issue du monde agricole.

Énergie thermique bas-carbone

Au-delà de la production électrique issue des bâtiments et des terres agricoles, la production de chaleur renouvelable est cruciale pour la décarbonation du mix énergétique français. RTE met en avant que « pour atteindre la neutralité carbone, il faut réduire les consommations et alimenter celles qui restent par des énergies à bas carbone, comme l’électricité ou les usages de la biomasse (bois énergie, biométhane, biocarburants…) ». Le biométhane est un dénominateur commun à l’ensemble des scénarios. Il est un des leviers de flexibilité pour compenser l’intermittence des énergies autres renouvelables.

À lire aussi : Des sénateurs défendent la méthanisation à l’unanimité (05/10/2021)

De son côté, Négawatt encourage explicitement le développement de la méthanisation pour les transitions énergétiques et agroécologiques. En plus de la production de biogaz, l’association met en avant l’intérêt de remplacer l’azote de synthèse, produit à partir de gaz fossile, par de l’azote organique. Dans son scénario, la valorisation des résidus de cultures, des effluents d’élevage et des couverts végétaux serait généralisée « à la quasi-totalité des terres arables en 2050 ».

À lire aussi : La méthanisation fait face à des normes toujours plus contraignantes (01/07/2021)

La question foncière

Au-delà de l’intérêt des bioénergies, ce sont les conflits d’usage des sols qui sont évoqués dans ces rapports. Concernant le solaire, RTE envisage un nombre d’hectares occupés par des panneaux solaires au sol en 2050 compris entre 50 000 et 250 000 selon les scénarios.

À lire aussi : Il plante des panneaux photovoltaïques dans ses champs de blé (25/10/2021)

Il évoque des co-usages tels que l’agrivoltaïsme, mais cet aspect n’est pas détaillé dans ce rapport. Les six scénarios résumés dans le rapport qui vient de sortir seront détaillés au premier trimestre de 2022.

Négawatt envisage un scénario plus sobre en consommation d’énergie que RTE et l’emprise au sol du photovoltaïque en serait réduite. L’association n’évoque les grandes installations que sur des ombrières de parkings ou de parcs au sol sur des friches industrielles ou autres terrains impropres à l’agriculture.

À lire aussi : La chute de certains tarifs d’électricité solaire sera effective en décembre (28/10/2021)

L’enjeu de l’acceptation

RTE met en avant l’enjeu d’acceptation des énergies renouvelables qui rendent « visible un système de production d’énergie qui était jusqu’alors largement invisible car situé à l’étranger ou extrêmement concentré ».

À lire aussi : Les dix mesures de Barbara Pompili pour sauver les éoliennes (06/10/2021)

Selon les scénarios, le nombre de mâts d’éoliennes passerait de 8 500 actuellement à une fourchette allant de 14 000 à 35 000 en 2050. Le gestionnaire de réseau rappelle que l’Allemagne en compte plus de 30 000 aujourd’hui, et souligne le faible espace au sol pris par ces turbines.

Pour le solaire au sol, RTE met en balance la faible proportion d’artificialisation des sols que cela représenterait par rapport au réseau routier français qui, à lui seul, représente plus d’un million d’hectares artificialisés.

À lire aussi : « Aujourd’hui, c’est l’éolien qui souffre, demain ce sera la méthanisation », selon Barbara Pompili (07/10/2021)

Gildas Baron