La reconquête a commencé mais « le soutien du nouveau gouvernement est indispensable pour enrayer les importations », a insisté Jean-Michel Schaeffer, le président d’Anvol, lors d’une conférence de presse ce 26 novembre 2024 à Paris. En 2023, 50 % de la viande de poulet consommée en France a été importée. Sur les neuf premiers mois de l’année 2024, c’est 47,8 % grâce à la reprise de la production nationale.
« On importe principalement des filets, des cuisses, surtout des découpes », précise Gilles Huttepain, le vice-président d’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair. Brésil, Thaïlande et Ukraine totalisent environ un quart des filets consommés dans l’Union européenne. Cela fait pression sur l’ensemble des prix au sein de l’Union européenne. À ces grands exportateurs déjà bien connus, s’ajoute la Chine, qui exporte désormais « 25 à 30 millions de canards au sein de l’Europe », prévient-il.
400 nouveaux bâtiments pour contrer les importations
Afin de répondre à l’ambition de souveraineté alimentaire, l’interprofession veut construire des poulaillers supplémentaires. « Pour gagner 20 % de souveraineté alimentaire, l’objectif c’est de construire 400 poulaillers en 5 ans », estime Jean-Michel Schaeffer, le président d’Anvol. Soit 80 nouveaux bâtiments de volailles par an durant cinq ans. « Un objectif ambitieux pour répondre à la demande des Français », affirme Jean-Michel Schaeffer.
Soutien indispensable du gouvernement
Dans ce plan de filière, l’interprofession veut compter sur le soutien du gouvernement. À commencer par « l’opposition ferme et indispensable de la France sur l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur », déclare Jean-Michel Schaeffer. En plus des 340 000 tonnes de poulet déjà importées, cet accord viserait à alléger ou lever complètement les droits de douane pour 180 000 tonnes en provenance des pays du Mercosur, soumis à des normes sanitaires et environnementales bien moins exigeantes, explique-t-il.
Autre demande adressée au gouvernement, « arrêter toutes les surtranspositions », et « stopper l’ensemble des travaux qui ajoutent des normes environnementales et sur le bien-être animal ». « Avant de nous imposer de nouvelles règles, il faut imposer aux autres nos exigences de production », affirme le président d’Anvol.
La filière demande également l’extension généralisée de l’obligation d’étiquetage sur l’origine de la volaille, pour tous les produits et tous les modes de distribution. Déjà obligatoire sur la viande crue en magasin et dans les restaurants, l’affichage de l’origine doit s’étendre sur la volaille en tant qu’ingrédients dans les produits élaborés et transformés, souhaite l’Anvol, d’autant plus que ces produits voient leur consommation augmenter.
Enfin, la filière a besoin de « sécuriser sa production en 2025 », et sollicite un soutien clair du gouvernement pour la campagne de vaccination contre l’influenza aviaire pour l’année 2025.