Un tourteau gras fermier, de bonne qualité et plus économique : tels sont les avantages du service de trituration des graines de colza et de tournesol proposé en Aveyron et dans le Cantal par la Cuma départementale Énergie Innovation, selon ses utilisateurs. Parmi les premiers à en bénéficier depuis 22 ans : Claude Galibert, éleveur de brebis Lacaune (dont le lait est destiné à la production de Roquefort) et de volailles commercialisées en vente directe, à Luc-la-Primaube (Aveyron). Il est aujourd’hui président de la Cuma.

En 2003, la coopérative de matériel agricole s’équipe d’une presse transportable Reinartz de type AP8. Deux ans plus tard, elle passe à une AP10, pour un investissement total de 55 000 euros. « La presse permet de séparer l’huile brute du tourteau », explique Claude. Une tonne de graines permet de produire quelque 400 litres d’huile et 600 kg de tourteau. Ce dernier se présente sous forme de bouchons, que l’éleveur broie avant de les mélanger à la ration de ses volailles. Il ajoute entre 2 et 3 % de chacun de ces tourteaux dans ses différentes formules d’alimentation, soit environ 3 tonnes de chaque sur un total de 90 tonnes d’aliments. « Mais certains utilisent les bouchons tels quels », précise-t-il.

Des animaux en meilleure santé

Claude assure : le tourteau « a divisé par deux mes besoins en soja. Je gagne en autonomie, et en plus il est de bien meilleure qualité que celui que j’achèterai. » Ses tourteaux de tournesol et de colza affichent respectivement 28 % et 35 % de matières azotées totales (MAT). Les taux de matières grasses varient entre 11 et 13 %. « Les tourteaux fermiers ont aussi une teneur importante en oméga 3 (surtout dans le colza) et en oméga 6 (principalement dans le tournesol) », souligne-t-il. Autre avantage : ses tourteaux, contrairement à ceux du commerce, « ne sont pas déshuilés avec des solvants ».

Conséquence directe, « le goût de mes volailles n’a rien à voir, et cela nous garantit une traçabilité importante ». Autant d’arguments à faire valoir, notamment en vente directe. Plusieurs éleveurs bovins laitiers ont également constaté que, de manière générale, « leurs animaux sont en meilleure santé », rapporte le président de la Cuma.

Les avantages se mesurent aussi en termes de coûts. « J’économise entre 30 et 40 % sur les tourteaux », calcule-t-il. Son estimation prend en compte le prix d’achat des graines (qu’il ne produit pas lui-même, contrairement à d’autres membres de la Cuma), le tarif du service (12 euros de l’heure), le temps de travail et l’électricité.

La trituration est par ailleurs « très simple à réaliser », mais elle implique des contraintes. « Cela exige une surveillance régulière, des grains propres et peu humides », énumère Claude. En outre, « les tourteaux fermiers restent encore méconnus, même des instituts techniques. Leur incorporation demande donc un peu d’expérimentations, à tâtons, sur les troupeaux ».