Dans le petit village d’Hotonnes (400 habitants), entre Lyon et Genève, les traces de la terrible nuit du 27 au 28 septembre 2018 sont encore visibles. « Ici, se trouvaient l’atelier de découpe et les bureaux de l’entreprise, commente Christelle Gesler, salariée de l’abattoir incendié (1), au milieu de locaux vides, aux plafonds et murs noircis d’où pendent misérablement des câbles électriques. Nous n’avons pu sauver qu’un seul ordinateur : une chance car c’est celui qui contenait la traçabilité et la comptabilité de l’établissement. »
La remise en route de la chaîne d’abattage mi-janvier, après de gros travaux de nettoyage et de décontamination, a été un soulagement. Pendant plusieurs mois, une partie du personnel partait chaque nuit à 3 h 30 pour rallier Lyon-Corbas (125 km) ou Bonneville (90 km), là où l’activité avait été délocalisée. Mi-avril, la salaison devrait redémarrer dans une ancienne fromagerie louée à 15 km du site. « Il nous tarde d’être dans un an quand notre outil d’abattage, de découpe et de salaison aura été totalement reconstruit et que nous travaillerons dans un environnement performant », souligne Myriam Gesler, PDG de l’outil, propriété de la famille depuis cinq générations.
En attendant, chacun s’affaire pour récupérer 100 % de l’activité et des marges d’ici septembre 2019, date à laquelle s’arrête la couverture assurantielle des pertes d’exploitation. Avec 82 % du volume d’abattage récupéré au 28 février, c’est en bonne voie. Un résultat lié à la mobilisation des quatre-vingts salariés, à la fidélité des clients et au soutien de l’administration, de la filière et des éleveurs, en définitive peu pénalisés. Heureusement, car il y a également eu des courriers anonymes infects et des menaces.
Panne d’internetet de téléphone
La mauvaise qualité des connexions internet et téléphoniques constitue une difficulté supplémentaire pour faire tourner la société délocalisée sur plusieurs sites. « Nous travaillons dans des conditions acrobatiques, déplore Myriam Gesler. Cet automne, nous avons été quinze jours sans internet, puis autant sans téléphone. C’était à s’arracher les cheveux. Les opérateurs nous disent de patienter encore deux ans pour avoir la fibre. Ils nous parlent de la 4G, mais nous n’avons pas la 3G. »
Anne Bréhier
(1) Abattoir 100 % bovin de 5 000 t/an et salaisonnerie (achats de porcs).