Certaines souches d’Escherichia coli, producteurs de shigatoxines (STEC), sont hautement pathogènes pour l’homme (STECHP). Prévenir la contamination du lait est donc essentiel. Toutefois, la détection des STEC n’est pas chose aisée, puisque les vaches laitières, comme les chèvres et les brebis, peuvent en être des porteurs sains. De plus, les dépistages dans le lait et les produits laitiers ne sont pas systématiques. « Il est souvent difficile d’établir comment la bactérie est arrivée sur l’élevage, confie Sabrina Raynaud, de l’Institut de l’élevage. La contamination peut se produire en dépit des bonnes pratiques (voir l’encadré). »

Des mesures préventives

Les STEC sont d’origine fécale. Une fois établies dans le tube digestif des animaux, elles sont excrétées sporadiquement dans leur environnement. Cette excrétion peut « persister plus d’un an chez certains animaux comme disparaître rapidement chez d’autres », indique le guide interprofessionnel dédié (1). Les fèces potentiellement contaminées ne doivent ainsi pas entrer en contact avec le lait. De même, « il faut tout mettre en œuvre pour limiter la circulation de la bactérie sur l’élevage », souligne Sabrina Raynaud. Que la présence des STECHP soit suspectée ou non, certaines mesures préventives permettent de protéger la production laitière.

Des trayons propres

L’hygiène de traite doit bénéficier d’une attention particulière. « Les vaches doivent être propres, les trayons propres et secs avant d’être branchés et tout doit être fait pour éviter les contaminations fécales du lait », liste Sabrina Raynaud. La tonte des queues et des mamelles est une piste à explorer. Et s’il paraît peu probable que les STEC s’établissent durablement dans l’installation de traite, son entretien n’en demeure pas moins important. « Il faut notamment éviter la chute des faisceaux sur le sol », complète l’experte.

En dehors de la salle de traite, la propreté du bâtiment (litière, abreuvoirs, auges, nuisibles) aide également à contenir le risque. D’autant que les STEC peuvent survivre « jusqu’à quatre mois dans les fèces et trois mois dans un abreuvoir », précise le guide interprofessionnel. Répartir les points d’ombre ou d’abreuvement dans les pâtures et préserver un espace de vie suffisant par tête concourent également à limiter la pression sanitaire. L’objectif est notamment de maintenir les animaux et leurs trayons propres et d’éviter l’ingestion des STEC.

Sur ce dernier point, une fiche technique issue du projet Stecamont (2) insiste sur la bonne « gestion des flux des déjections et effluents. » De fait, « il ne faut pas croiser les circuits animaux et déjections, ni les circuits alimentation et déjections », explique Sabrina Raynaud. À titre d’exemple, « rouler devant le tas de fumier puis sur le couloir d’alimentation avec le tracteur peut perpétuer la contamination. » Parmi les autres mesures préventives, figurent la séparation des jeunes, potentiellement plus exposés, et des adultes ainsi que la maîtrise des risques de diarrhées.

« Une pasteurisation du lait peut venir à bout des STEC, conclut Sabrina Raynaud. Mais mettre en place ces mesures, même en dehors de la filière lait cru, permet toujours d’agir sur les germes totaux. »

A. Courty

(1) Guide sur la maîtrise des STEC en filière laitière.

(2) Projet cofinancé par le Cniel, l’Anicap, FranceAgriMer et la Confédération du roquefort.

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