«Réduire de moitié le nombre de bêtes de mon exploitation ne va pas se traduire par une diminution proportionnelle des odeurs, contrairement à ce qu’affirment mes voisins. » Jan Vogels, exploitant à la tête d’un cheptel de 4 000 porcs dans la commune de Erd, au sud des Pays-Bas, ne décolère pas. Décidé à poursuivre son activité, face à la grogne des riverains, il a dû équiper sa porcherie de douches anti-odeurs. Mais il fait partie de la minorité des exploitants ayant fait ce choix.
Sous la pression politique et celle de l’opinion publique, le secteur porcin néerlandais promet d’être décimé dans les années à venir. Sur les 3 500 élevages actuels, seul un millier devraient encore subsister d’ici à cinq ans, selon une étude récente de Rabobank, principal établissement financier du secteur agricole. « Certains exploitants connaissent des difficultés financières. D’autres n’ont pas de successeur ou doivent faire face à des investissements trop élevés pour poursuivre leur activité », explique Henk Boelrijk, de l’organisation du secteur porcin POV.
Réduire le cheptel
L’élevage intensif montre en effet ses limites dans le royaume. Face aux odeurs qui insupportent le voisinage et les conséquences pour l’environnement, plusieurs provinces ont rehaussé les normes antipollution. Les pressions politiques se sont aussi accrues pour faire baisser, coûte que coûte, le cheptel. Dans ce contexte tendu, le « plan d’assainissement » du secteur, annoncé récemment par La Haye, s’avère une porte de sortie pour nombre d’éleveurs. Il est à noter qu’un plan de sauvetage similaire, décidé voici deux ans, était resté lettre morte.
Sur une enveloppe globale de 200 millions d’euros débloquée par le ministère de l’Agriculture, 120 millions sont destinés à venir en aide aux exploitants désireux d’arrêter leur activité. « Ils seront dédommagés pour la démolition de leur installation et la cession de leurs droits à produire, qui seront ensuite annulés », précise le représentant de la POV. Le reste du budget sera octroyé à la modernisation des élevages qui subsistent.
Sachant que 2 500 exploitations sont appelées à disparaître pour un cheptel qui ne devrait diminuer que de 5 %, les entrepreneurs survivants vont se retrouver à la tête d’élevages encore plus importants qu’aujourd’hui. « Pour produire plus propre, de gros investissements vont être nécessaires, afin de construire de nouvelles porcheries, équipées de douches pour purifier l’air, et pourvues d’un système de traitement des déjections animales », anticipe-t-on à la POV. Sans compter que l’alimentation animale va devoir être plus durable, en recourant à l’industrie alimentaire locale et ne plus être importée de l’étranger.
Didier Burg, à Amsterdam