Relations de voisinage : obtenir l’acceptabilité d’un projet agricole

Les projets agricoles rencontrent de plus en plus d’oppositions. « Ceux-ci s’insèrent dans un territoire et se bâtissent avec les acteurs locaux », avançait Philippe Vervier, écologue, dirigeant d’Acceptables Avenirs, lors du webinaire intitulé « Communiquer sur la gestion de l’eau en tant qu’agriculteur », organisé par Agridées et Nuances d’Avenir (1).

S’il accompagne beaucoup d’exploitants dans des dossiers d’énergies renouvelables, il souligne qu’en matière de gestion de l’eau, l’approche reste la même. « Quand on monte un projet, il y a trois dimensions : technique, économique et réglementaire. Mais celles-ci ne comptent pour 33 %. L’adhésion de la population locale pèse pour 66 % ! »

Si s’affronter aux 10 % d’irréductibles opposants ne sert à rien, il est indispensable d’engager, très tôt, le dialogue avec les 80 % de personnes, souvent invisibles, qui ne savent pas comment se positionner. « Au départ, ne cherchez surtout pas à les convaincre du bien-fondé de votre projet, ni à leur parler de technique. Soyez dans une démarche d’écoute, même si ce qu’ils vous disent n’est pas audible. Il s’agit de gagner la confiance des gens, de connaître leurs perceptions », observe-t-il.

Témoigner de ses motivations

Lors de cette concertation, l’agriculteur parlera de son activité (plus que de son projet) et de son quotidien. Il témoignera de ses motivations avec une posture bienveillante et authentique. « Quand on est sincère et de bonne foi, ça se voit. On fabrique du capital confiance », insiste Philippe Vervier.

Guillaume Chamouleau, agriculteur irrigant en Charente, invite ses pairs à parler de façon détachée. « Ne pensons pas que tout le monde nous en veut. Gardons à l’esprit que 80 % des Français ont une bonne opinion des agriculteurs français. » Et face aux questions déstabilisantes, Philippe Vervier suggère de faire reformuler son opposant. « Si je comprends bien, vous êtes inquiets sur la disponibilité en eau. » La personne exprimera alors ses vraies craintes et peurs. Ou encore, « vous contestez l’activité agricole, mais que proposez-vous ? »