Planté à l’extrémité du terrain, un panneau d’affichage informe de la construction d’un collège sur une parcelle perdue au milieu des champs à Hillion, dans les Côtes-d’Armor. « Une aberration » pour les membres des quatre exploitations riveraines, qui ont décidé de déposer un recours devant le tribunal administratif le 6 janvier. L’objectif est de défendre leur outil de travail.
Préjudices à venir
Avec leur avocat, ils attaquent le permis de construire, principalement sur la non-conformité au PLU (plan local d’urbanisme) et à la loi littoral. « C’est une zone réservée par la mairie pour l’extension d’une salle de sport. Le PLU aurait dû être révisé », ont argumenté les agriculteurs, le 11 janvier, lors d’une conférence de presse à Hillion. Cette commune est entièrement soumise à la loi littoral. La première maison se situe à 900 mètres du terrain, difficile dans ces conditions de respecter la règle de l’extension de l’urbanisation en continuité avec les agglomérations et villages existants. Sans parler de l’impact sur la zone humide, qui se trouve en contrebas de la parcelle concernée, une zone hydromorphe, remblayée avec 30 000 m3 de terre il y a quelques années.
Les agriculteurs redoutent les nombreuses contraintes à venir pour leur activité. Ils s’interrogent. Comment réaliser des épandages de phytosanitaires avec des collégiens dans la cour ? Pourrons-nous encore circuler avec des engins agricoles ? Comment assurer le déplacement des animaux ? Que faire si une pétition des parents circule au moment des épandages des effluents ? Tous s’inquiètent de l’urbanisation à venir.
Sur le terrain, la polémique enfle. Le 15 janvier, une manifestation a réuni 250 personnes (fédération du bâtiment, parents d’élèves…) en faveur du projet. Le conseil départemental aurait annoncé le retrait du permis de construire. Quant aux associations écologistes, elles ne s’expriment pas. Les agriculteurs, eux-mêmes parents, rappellent qu’ils ne sont pas opposés à la construction d’un collège. Ils demandent simplement plus de concertation : leur avis n’a jamais été pris en compte par la mairie, malgré de nombreux rendez-vous.