Tristes, chahutés, abattus. Autant d’adjectifs dont use Christophe Galopin, maire de Simandre, dans la Saône-et-Loire, pour définir les habitants de sa commune sinistrée. Depuis le 30 juin 2023, les 1 800 âmes de son village ont assisté, impuissants, à six incendies survenus dans des exploitations agricoles. Et si « une forte entraide » s’est organisée, une « psychose bien réelle » s’est installée. Témoignage.
Un couple évite les flammes
« Ce sont des événements dramatiques, relate le maire de Simandre au début de ce mois de novembre 2023. À chaque fois, les agriculteurs sont complètement abattus. C’est toute une vie pour certain qui part en fumée en quelques dizaines de minutes. »
Le 30 juin dernier, le stock de fourrage d’un céréalier a été réduit en cendre avec du matériel agricole. Un mois plus tard, le 30 juillet, un bâtiment neuf avec des panneaux solaires installés récemment s’est embrasé. Le 5 août, à nouveau du fourrage et du matériel. Puis plus rien jusqu’à la fin de septembre où un quatrième feu s’est déclaré dans un Gaec.
Vers 23 heures, le 26 septembre, « près de quatre cents tonnes de fourrage ont été incendiées chez un éleveur, raconte Christophe Galopin, encore ému des dégâts engendrés. C’était du fourrage destiné à ses vaches laitières et allaitantes. Ses parents vivaient dans l’habitation collée à l’exploitation, et le premier étage a pris feu. Tout a brûlé. Heureusement, ils ont pu s’échapper à temps grâce à l’aide des voisins. »
Agriculteurs et riverains s’entraident
À suivi un cinquième incendie le 7 octobre, où à nouveau cent tonnes de fourrage et du matériel agricole ont brûlé dans un hangar de 2000 m². Puis un sixième, le dernier en date. Le 24 octobre, dans le même Gaec qui avait subi les flammes jusque dans l’habitation des parents, l’étable abritant quatre-vingt-dix vaches a brûlé. Les bêtes ont pu être sauvées in extremis.
« À chaque fois, relève le maire de Simandre, ce sont des exploitations où il y a du fourrage de paille. Et en plus des stocks réduits à néant, il y a aussi tout le matériel de fenaison, le matériel pour ensemencer, pour récolter, qui brûlent. Parfois neufs. »
Face à ces drames, l’entraide s’est organisée entre voisins, agriculteurs ou non. Certains sont venus avec leurs seaux d’eau pour tenter d’éteindre les premières flammes. D’autres continuent d’apporter des gâteaux aux sinistrés, ou hébergent le bétail sans abri et relogent les familles à la rue. « C’est beau, c’est fort et c’est très touchant de voir autant de solidarité, s’émeut Christophe Galopin. Car tout le monde est très chahuté, ils vont mal. Heureusement, des moyens exceptionnels ont été mis en place pour prévenir tout nouveau départ d’incendie, rassure-t-il. Les forces de l’ordre font des rondes et une équipe de réservistes a été déployée. »