À Saint-Zacharie (Var), les seize fontaines ne coulent toujours pas mais l’Huveaune n’est plus à sec : dans le pays de Marcel Pagnol, les pluies quasi quotidiennes depuis la mi-mai soulagent tout le monde après plus d’un an de sécheresse exceptionnelle. Le bassin de ce cours d'eau qui se jette à Marseille va sortir dans les prochains jours du rouge, prévoit la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Bouches-du-Rhône. Depuis la fin de mars, il était placé en « crise », avec son lot d’interdictions d’usages de l’eau.

Après un hiver sans précipitation notable, « depuis mi-mai, on a des averses orageuses quasi quotidiennement et les cumuls commencent à être importants sur Provence-Alpes-Côte d'Azur et une partie du nord du Gard », analyse Sylvain Galliau, météorologiste conseil à Météo-France pour le Sud-Est.

Situation contrastée

Mais la situation reste très contrastée. Ainsi, les reliefs alpins sont très humides et sur une grande partie de l’intérieur des terres, « nous n’observons plus de sécheresse des sols ». En revanche, sur le littoral et la vallée du Rhône, la sécheresse reste de mise avec en particulier le littoral de l’Hérault ou la Camargue où « on a des valeurs d’humidité des sols très basses, proches des records », énumère-t-il.

Face à ce constat, deux préfectures commencent à lever certaines interdictions.

Dans le Gard, une partie du département est ainsi repassée en orange (alerte renforcée) même si un tiers du département reste en rouge (crise).

Dans les Bouches-du-Rhône, les bassins de l’Huveaune et du Réal de Jouques vont passer du rouge à l’orange. « Les pluies de mai ont fait du bien, mais elles ne sont pas suffisantes pour inverser complètement la tendance qu’on connaît depuis un an. Il ne s’agit pas de dire que tout va bien mais que la situation est un peu moins critique », selon la DDTM.

En revanche, dans le Var, où le préfet avait lancé un « cri d’alarme » dès février en plaçant la majorité du département en alerte, pas de changement en vue pour l’instant.

Stockage pour l'irrigation

Le risque « feu de forêt » s’atténue également sur les prochaines semaines. Même si la situation peut vite se retourner. « La pluie tombée assez tardivement dans la saison n’est pas suffisante pour recharger en humidité profonde les sols et donc si nous avons une période de chaleur conséquente, l’effet des dernières pluies devrait s’estomper rapidement », prévient Lionel Mathieu, commandant des marins pompiers de Marseille.

Effectivement les nappes phréatiques restent basses, voire très basses, la végétation du printemps ayant capté l’essentiel de l’eau.

Mais une partie du Sud-Est est alimentée en eau de consommation et d’irrigation grâce à un système de stockage en amont, dans les lacs du Verdon et de Serre-Ponçon. Grâce à un enneigement significatif et aux pluies, « les niveaux des lacs sont bien meilleurs que l’an dernier à la même époque », rassure la DDTM des Bouches-du-Rhône.