Au Gaec de Grumard, à Saint-Thomas-la-Garde dans la Loire, pas question de laisser traîner une boiterie. Avec 200 vaches laitières prim'holsteins conduites en zéro pâturage et un niveau de production de 11 000 litres de lait par an, les cinq associés sont pointilleux sur la gestion des pieds. C’est Paul Chanvillard, arrivé en 2017 et bon animalier qui incarne cette rigueur. Il a suivi trois formations sur les boiteries. Depuis, il se charge du parage fonctionnel et curatif des laitières.

« Notre fonctionnement est simple, explique Paul. Nous sommes d’astreinte une semaine sur 5 à tour de rôle pour la traite. Le trayeur repère les vaches boiteuses et les amène dans un parc à côté de la cage de parage, matin et soir. Je fais les soins appropriés dans la journée. » En moyenne, cela concerne trois vaches par semaine. Ce travail l’accapare une heure par semaine environ, ou 15 minutes par vache. « Il faut compter 10 minutes pour amener la vache dans la cage et 5 minutes de parage », détaille Paul.

Jean-Michel Perrache, Vincent Matillon et Paul Chanvillard, trois des cinq associés du Gaec de Grumard à St-Thomas-la-garde dans la Loire. (© Claire Charrassin/ GFA)

Repérage rapide des boiteries

Cette stratégie permet de repérer les nouveaux problèmes de pattes dans un délai de 12 heures maximum. En plus de ces parages curatifs quasi quotidiens, le Gaec réalise deux chantiers de parage fonctionnel sur l’intégralité du troupeau deux fois par an, en période d’activité creuse. « Nous sommes deux, je pare et un collègue amène les vaches, explique Paul. Cela nous prend 20 heures pour un chantier, soit 40 heures par an. Il faut la main-d’œuvre pour avoir le temps de maîtriser les boiteries. Avant mon arrivée, mes associés étaient trois et faisaient tout faire par le pareur. »

Le pareur professionnel passe une fois par an pour examiner les vaches avec des problèmes récurrents et conseiller Paul sur le traitement. En plus du parage, les associés ne lésinent pas sur le préventif. Le trayeur lave les pattes des vaches tous les lundis à la traite avec le surpresseur. Les pieds sont ensuite traités au formol et sulfate de cuivre par pulvérisation, avec les équipements et les dosages recommandés.

Outre la conduite du troupeau, plusieurs éléments jouent aussi en faveur de la santé des pattes dans le bâtiment. « Le racleur à câble passe derrière le cornadis 12 fois par jour et 6 fois par jour derrière les logettes », calcule Jean-Michel Perrache, un des associés de Paul. Grâce à la pente du sol de 1,5 %, les jus s’écoulent vers la fosse. Les éleveurs ont installé des ventilateurs pour réduire l’humidité dans la stabulation et, avec elle, le risque de favoriser la dermatite digitée.

Des tapis contre les glissades

Côté confort, les associés y vont pas à pas. Après avoir misé sur le béton scarifié, ils ont installé des tapis Magellan il y a 5 ans dans 80 % des espaces de circulation. « Les vaches avec des problèmes de locomotion marchent mieux sur les tapis et il y a moins de glissades », remarque Paul. Les éleveurs ont abandonné les logettes creuses pour des logettes paillées avec matelas. « Les logettes sont plus dures pour les vaches, mais elles sont plus simples à pailler. Elles sont aussi plus hygiéniques et nous assurent une meilleure qualité du lait », rapporte Paul. Le système est en 100 % lisier. Tous les effluents partent dans un microméthaniseur.

La prochaine étape pour limiter les boiteries sera de travailler sur l’alimentation. Aux alentours de décembre et pendant deux mois, le nombre d'abcès aux pieds augmente sensiblement dans le troupeau. La cause, l’ajout de céréales à paille dans la ration pour équilibrer la ration avec le nouvel ensilage de maïs pas encore assez fermenté. « La ration devient assez acidogène. Je pare deux à trois heures par semaine pendant cette période. Nous souhaitons trouver des solutions », projette Paul. Toujours est-il qu’aujourd’hui, plus aucune vache n’est réformée pour cause de boiterie.