C’est en 2021, avec l’installation des robots de traite et la transformation de l’aire paillée en logettes que la santé des pattes du troupeau laitier se dégrade. Le Gaec de la Triconnière, à Châtillon-sur -Colmont en Mayenne, est rapidement dépassé par le nombre de dermatites digitées parmi ses 120 vaches prim’holsteins et normandes.
« Le stress lié au robot et au changement du couchage a dû faire baisser l’immunité », soupçonne Dimitri Guérin, installé depuis 7 ans avec Philippe Bahier sur le Gaec qui produit 1,5 million de litres de lait. Les associés testent alors plusieurs systèmes pour combatre la maladie de Mortellaro. La pulvérisation automatisée d’une solution sur les pattes arrière par le robot de traite ne résout rien, et coûte plusieurs milliers d’euros. La pareuse fait à ce moment-là une quinzaine de pansements sur les 25 vaches parées chaque mois.
Ce n’est qu’en février 2024 que l’horizon s’éclaircit quand Dimitri et Philippe décident d’investir dans deux pédiluves automatisés, qu’ils installent à la sortie des robots de traite. Avec le passage en zéro pâturage en cours d’année, l’enjeu est encore plus gros. Le troupeau remonte rapidement la pente. « Le nombre de dermatites digitées a chuté dès la mise en route des pédiluves », rapporte François Jankowski, vétérinaire au GDS de Mayenne.
Vidange tous les 150 passages
Distribué par Agro Concepts, le système Hoofcount présente l’avantage pour les éleveurs de ne pas avoir à manipuler les produits désinfectants. Long de 2,5 mètres, le pédiluve se vidange et se remplit seul tous les 150 passages. Il est relié à une cuve d’1 m3 contenant les produits, avec une autonomie d’un an environ. Les vaches y passent 3 à 4 fois par jour en sortie de robot. Cinq jours sur sept, le pédiluve ne contient que de l’eau, et, les deux jours restant, la solution à base de sulfate de cuivre, zinc, aluminium et formaldéhyde diluée à 2 %.
De 40 % de vaches atteintes de dermatite dans le troupeau, la pression de la maladie chute à 5 % en un an et demi. « Aujourd’hui, il n’y a que deux pansements par mois », sourit Dimitri. Économiquement, le Gaec s’y retrouve. Les pédiluves ont coûté 10 000 € hors taxes par unité. La cuve de solution de traitement, renouvelée tous les ans par le vendeur coûte 2 825 € et la consommation d’eau a augmenté.
« Nous avions 150 € de pansements par mois avant, contre 300 € mensuels de pédiluve aujourd’hui », calcule Dimitri. « Vous récupérez du lait en plus aujourd’hui, car on peut compter jusqu’à 2 kg de lait par jour en moins pour une vache qui a mal », renchérit François Jankowski. Les associés en sont persuadés, le préventif coûte moins cher que le curatif, « à condition d’associer une bonne fréquence de parage aux pédiluves ».