L’Agence de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publie le 2 mai 2024 un avis qui crée une rupture dans les exigences liées au bien-être animal. Désormais, l’agence veut évaluer « l’état de bien-être des animaux » : ce qui veut dire que les critères mesurés sont ceux de l’animal lui-même et pas uniquement de ses conditions d’élevage. L’objectif de ce changement est d’élaborer un étiquetage unique des produits animaux pour renseigner les consommateurs.

Les labels ou les étiquetages existants portent sur les modes d’élevage et les moyens mis en œuvre pour améliorer le bien-être animal. Pour l’Anses, ce n’est pas suffisant : « Un élevage de poules pondeuses peut disposer de perchoirs, mais si les poules ne les utilisent pas parce qu’ils ne sont pas adaptés, ils ne contribuent pas au bien-être des poules », explique Julie Chiron, coordinatrice d’expertise à l’Anses.

Résultat plutôt que moyen

Pour l’agence, il faut donc passer à des indicateurs qui portent en priorité sur l’état de bien-être de l’animal. Ils correspondent à l’évaluation d’un résultat et non plus d’un moyen. À ce stade, l’avis de l’Anses ne rentre pas dans les détails des critères mais il existe déjà des référentiels dans le monde de la recherche, comme le Qualitative Behavioural Assesment (QBA), déjà testé en 2020 dans des élevages norvégiens de poules pondeuses (lien en anglais).

Étiquette harmonisée

Cette méthode nouvelle a pour objectif de passer à un étiquetage harmonisé du bien-être animal en Europe. Il serait apposé sur tous les produits animaux. Il adopterait un principe de signalétique déjà connu puisqu’elle ressemble beaucoup au Nutriscore. L’agence préconise d’adopter un système à cinq niveaux de bien-être, du meilleur (A) au plus faible (E). Le niveau E correspondrait au respect de la législation européenne, que ce soit pour la vie en élevage, le transport ou l’abattage. Le niveau A serait atteint en agrégeant les scores supérieurs de bien-être animal non seulement à la production mais aussi à l’étage de sélection-multiplication.

Extension aux ascendants

C’est donc l’autre pression supplémentaire que recommande cet avis de l’Anses : étendre les exigences de bien-être animal non seulement à l’animal en production, mais aussi à ses ascendants dans les élevages de sélection-multiplication. « Pour certaines filières, les animaux reproducteurs sont élevés à l’étranger et peu d’informations sur leurs conditions de vie sont connues », justifie Julie Chiron.

Quand les informations ne sont pas connues, l’Anses juge que le produit ne pourrait pas obtenir un classement supérieur au niveau C. L’Anses envisage que ce dispositif conduira les filières animales à s’organiser pour obtenir ces informations.