L’année 2024 fut sans précédent sur le front des maladies du pois d’hiver. En cause : les pluies continues du semis à la récolte et un hiver doux propice au développement des champignons, Colletotrichum en tête. Ce dernier fut parfois la voie d’entrée à d’autres maladies comme la bactériose et l’ascochytose. « En 2024, les fongicides n’ont pas été efficaces quand la maladie était avancée et les traitements trop tardifs », note Nicolas Latraye, ingénieur régional de développement Hauts-de-France chez Terres Inovia.
Changement de stratégie pour 2025
Dans ce contexte de domination de Colletotrichum, dont la biologie est adaptée à une propagation précoce, l’institut technique modifie ses préconisations de traitement fongicide pour 2025. Un changement de stratégie également dû au réchauffement climatique, qui amène des hivers et des sorties d’hiver plus doux et humides, favorables à un développement précoce des maladies, et des printemps plus secs, moins propices au maintien de la pression après la floraison.
« La protection doit se déplacer plus en amont du cycle de la plante, confirme Bastien Remurier, référent protéagineux en zone Nord-Est chez Terres Inovia. Cela nécessite une surveillance précoce dès fin février et un démarrage des programmes dès la phase de végétation. » Des essais mis en place en 2024 ont ainsi montré la pertinence d’un premier traitement (T1) précoce pour maîtriser l’attaque du complexe maladies.
À base de triazoles
Dans une situation de pression maladie faible à modérée, Terres Inovia conseille pour le moment une stratégie en deux traitements. Le premier peut intervenir à partir du 20 février (4-5 feuilles minimum) avec une base de triazole (par exemple Prosaro ou Sunorg Pro 0,8 l/ha, Prosaro ou Sunorg Pro 0,6 l/ha + Amistar 0,4 l/ha). Il faut viter l’azoxystrobine seule, pas assez efficace contre le Colletotrichum.
« Une intervention précoce permet de maîtriser rapidement les inoculums de pathogènes du complexe maladies dont le Colletotrichum, avant que leur dynamique de multiplication ne s’emballe », indique Bastien Remurier. Puis début floraison, l’institut préconise une application de Pictor Active ou Prosaro ou Sunorg Pro à 0,8 l/ha. En cas de pression maladie plus forte, une stratégie en trois traitements est possible, avec une application à ajuster avant ou après le début floraison si la pression des maladies est entretenue par la météo.
Attention, si le pois est contractualisé, se référer aux produits phytos compatibles, listés dans le contrat. « Cette stratégie reste à perfectionner par de nouveaux essais, notamment sur le déclenchement du T1 », relativise Bastien Remurier.