Cure de jouvence pour Notre-Dame de la Garde

Peu avant Noël, s’est déroulée à Marseille une renaissance. Les échafaudages qui masquaient depuis le printemps le haut du clocher de Notre-Dame de la Garde ont été démontés. Jour après jour, est apparu progressivement la statue de la Vierge à l’enfant, de 10 mètres de haut, brillante de milliers de feuilles d’or. Et, de nouveau, depuis tous les quartiers de la ville, habitants et visiteurs peuvent contempler celle que l’on surnomme ici la « Bonne Mère ».

Perchée sur la colline de la Garde, la basilique construite il y a plus de 150 ans est constamment exposée aux vents chargés de sels, et aux pollutions diverses. Sa restauration se poursuit depuis deux décennies. Lors de cette récente phase de travaux, les pierres blanches et vertes de la tour-clocher ont été nettoyées à l’eau sous pression. Les tailleurs de pierre suspendus à des cordes ont ensuite projeté une solution hydrofuge qui préservera le minéral. Plus haut, ils ont remplacé les pierres très désagrégées du piédestal de la statue. Elles proviennent des carrières millénaires du domaine viticole Château Calissanne, à Lançon-Provence. Sur la terrasse du beffroi, les anges sculptés au XIXe siècle ont subi aussi l’érosion. Les restaurateurs ont ôté le sel en appliquant de l’argile. Puis, ils ont eu recours à une méthode naturelle de consolidation : des bactéries mélangées à une solution calcifiante ont densifié la pierre.

À 200 m d'altitude, le visage serein, la Vierge regarde au loin et porte un enfant Jésus plein de vitalité qui lève ses mains au-dessus de Marseille. Cette sculpture de 1867 est l’œuvre d’Eugène-Louis Lequesne, et des ateliers d’orfèvrerie Christofle. Le cuivre est entretenu à raison d’une nouvelle dorure tous les trente ans. Cette année, les impacts de balles datant de la libération de Marseille en août 1944 ont été comblés. Et après le gommage du métal et la pose d’un anticorrosif, les doreuses sont intervenues. Elles ont délicatement déposé une par une 30 000 à 40 000 feuilles d’or sur la peau, les cheveux de la mère et de son enfant aux dimensions gigantesques. Consolidée, cette tendre figure maternelle perpétue de son aura protectrice son message de paix.