Loïc Livenais a été le premier à prendre la parole devant 350 manifestants, selon les organisateurs, le 30 novembre 2024 à Angers (Maine-et-Loire) : « La Safer est un très bon outil, mal utilisé par un syndicat majoritaire. » Agriculteur à Étriché, il représente la Confédération paysanne au comité technique, ainsi qu’au conseil d’administration de la Safer. Autant dire qu’il connaît bien le dossier de la Ferme des Joncs, à l’origine de la mobilisation du jour.
Située à Denée, cette exploitation de 166 ha est depuis le printemps au cœur d’un conflit de reprise. D’un côté, les porteurs d’un projet d’installation collective dimensionnée pour 4 UTH. De l’autre, cinq voisins soucieux de restructurer ou d’agrandir leur parcellaire et trois jeunes femmes porteuses d’un projet d’installation, en ovins pour l’une et en fleurs coupées pour les deux autres. « Le cédant et les treize propriétaires bailleurs ont confié la transmission de la ferme à la Safer. Soit la vente des bâtiments d’exploitation (3 500 m²) et la moitié de la surface, et la location du reste des terres et des deux maisons d’habitation », rappelle Rémy Silve, directeur de la Safer des Pays de la Loire.
Lettre ouverte des cédants
Réuni au début de juillet, le comité technique de la Safer du Maine-et-Loire n’a pas tranché. À défaut de majorité qualifiée, et également parce que le conservatoire d’espaces naturels, administrateur de la Safer, se portait acquéreur de 40 ha, le dossier est remonté en conseil d’administration. « Nous l’avons examiné à la fin de septembre et de nouveau, à la demande du commissaire au gouvernement, le 26 novembre », précise Rémy Silve.
À l’issue de cette réunion, les administrateurs ont voté l’attribution, en location ou en propriété, de 22 ha au projet « ovin » et de 139 ha et des bâtiments aux cinq voisins. « Ces derniers se sont engagés à céder en contrepartie 87 ha », souligne le directeur de la Safer. Le conseil d’administration a également approuvé l’octroi de terres communales : 3 ha au projet horticole et 4 ha à l’activité de maraîchage du projet collectif. Cette dernière attribution « ne correspond pas à mon projet », commente l’intéressé.
Quant aux cédants, ils indiquent « espérer que la Draaf valide la décision de la Safer » dans une lettre ouverte adressée à la presse le 28 novembre, envisageant « si tout cela ne s’arrête pas, le retrait à la vente ».