Avec ses propositions pour la prochaine Pac, la Commission européenne a franchi nombre des lignes rouges fixées, estiment le Copa (syndicats agricoles des 27 États membres) et la Cogeca (coopératives des 27). Les présidents des deux entités ont fait part, lors d’une conférence de presse le 26 septembre 2025, de leur volonté d’arriver à une autre proposition « acceptable et durable ».

Pour Massimiliano Giansanti, président du Copa, la proposition de la Commission est « insatisfaisante », « elle ne reconnaît pas la valeur de nos actions et des activités agricoles, regrette-t-il. La Pac a permis pendant de très nombreuses années d’assurer la sécurité et l’approvisionnement alimentaire européen. […] Cette proposition ne garantit pas cette sécurité alimentaire, ni aux agriculteurs d’avoir assez de revenu, ni la sécurité d’approvisionnement. »

Les fondements de l’Union européenne « minés »

Parmi les sujets qui fâchent, figure notamment le budget alloué à la Pac. Pour Massimiliano Giansanti, la Pac a besoin des « mêmes ressources [NDLR : que la programmation pour la période de 2023-2027] pour être plus compétitif et pour pouvoir investir ». Et, si le budget global de l’Union européenne a augmenté, ce n’est pas le cas de celui de la Pac dans la proposition de la Commission. Il passerait « de 30 % à moins de 20 % du budget global de l’Union ».

Massimiliano Giansanti estime que cette proposition « mine le fondement de l’Union européenne » en visant la création d’un fond unique. Il considère que l’architecture de la Pac, fondée sur deux piliers réservés à l’agriculture, a été « un élément important qui a permis la construction de la production agricole européenne ».

L’Italien craint aussi « la fin du marché unique » car il estime qu’avec cette proposition, la Commission européenne « donne aux États membres la possibilité de faire ce qu’ils veulent ». Il juge également que si la Bruxelles promet « moins de bureaucratie et plus de simplification », la bureaucratie va « se transférer de Bruxelles aux autorités nationales ».

L’entrepreneur italien s’interroge, « plus de 80 % des citoyens sont satisfaits de la Pac actuelle » et la Commission avait promis une évolution pas une révolution.

« Plus rien de commun »

Le président de la Cogeca, l’agriculteur suédois Lennart Nilsson, appuie : la Pac est « l’épine dorsale de l’économie des zones rurales ». Les propositions de la Commission vont « mettre à mal tout le système agricole européen ». La Pac n’aura « plus rien de commun » et cela risque de « mettre à mal le marché unique européen ».

Les représentants du Copa et de la Cogeca souhaitent discuter avec la Commission européenne « pour trouver une autre voie » et comptent sur le soutien du Parlement européen et du Conseil des 27 qui « ont déjà exprimé les mêmes inquiétudes ». L’organisation n’exclut pas de lancer de nouvelles manifestations si cela était nécessaire.