Les chercheurs de l’université de Wageningen (Pays-Bas) ont examiné l’impact des stratégies « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité » du Pacte vert, sur les cultures annuelles (blé, colza, maïs, betterave sucrière, houblon et tomates) et les cultures pérennes (pommes, olives, raisins et agrumes). Un résumé des conclusions de l’étude a été mis en ligne le 12 octobre 2021 sur le site de l’université.

 

Cette étude a été commandée par CropLife Europe et CropLife International, associations qui regroupent les entreprises qui développent et fournissent des pesticides et des biopesticides. Les financements proviennent également de Euroseeds, Copa-Cogeca et Fertilizers Europe, précise le site Euractiv, qui a organisé une conférence sur les études de la stratégie « De la ferme à la fourchette ».

 

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Une baisse de 10 à 20 % de la production

Sur quatre scénarios étudiés, le plus complet prend en compte une réduction de 50 % des pesticides et des pertes d’éléments nutritifs, une réduction de 20 % de l’utilisation d’engrais, et la présence de 10 % de surfaces non productives. Les chercheurs ont mesuré l’impact de ces objectifs sur les rendements de dix cultures dans 25 fermes de sept pays de l’Union européenne, avant de les extrapoler au niveau des États membres.

 

Résultat, à l’horizon de 2030, « ce scénario montre une baisse moyenne de la production comprise entre 10 et 20 %. Certaines cultures souffrent plus que d’autres. Le volume de production peut diminuer jusqu’à 30 %, mais il y a aussi des cultures qui ne souffrent guère du tout de la stratégie « De la ferme à la fourchette » », explique Johan Bremmer de l’université de Wageningen. Le chercheur met également en garde contre des probables « problèmes de qualité », tels des toxines fongiques sur les céréales et des défauts sur les fruits.

 

Une réduction des volumes produits entraînerait des augmentations de prix, une baisse des exportations et une hausse des importations, poursuit l’étude. Avec la nécessité de trouver de nouvelles terres agricoles en dehors de l’Europe pour assurer la production. Les auteurs précisent néanmoins que les avantages de ces stratégies en termes de climat et de biodiversité ne sont pas mesurés dans cette étude.

 

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Des études d’impact critiquées

Le Copa-Cogeca, association des producteurs et coopérateurs européens, s’est aussitôt emparé des conclusions de l’université de Wageningen pour continuer à alerter sur la chute de la production dans un communiqué du 12 octobre 2021. Tout en rappelant la nécessité de réaliser une « évaluation complète » des stratégies du Pacte vert.

 

De son côté, l’association Générations futures dénonce les résultats « alarmistes » voire « apocalyptiques » provenant d’études financées par les lobbys de l’agro-industrie. Pour elle, ces études sont « biaisées » dans la mesure où elles n’évaluent pas « l’impact de la transformation de nos systèmes alimentaires ». Générations futures défend l’intérêt de la stratégie « De la ferme à la fourchette » qui poursuit des « objectifs louables et attendus par une majorité d’Européens » en faveur d’un « système alimentaire durable ».

 

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(14/10/2021)