Assurer eux-mêmes la plus grande partie de l’alimentation de leurs volailles, tel est le leitmotiv de Séveryne Mouillé et Clément Le Héritte, éleveurs à Plouay, dans le Morbihan. Un travail qui commence dès l’assolement de leur exploitation. Sur les 92 ha de SAU, 77 sont cultivés, le reste est en prairies et parcours pour les poulets. Le mélange triticale-pois reste la base de l’alimentation de leurs animaux. « 20 à 25 ha sont implantés chaque année. Le triticale est moins riche en protéines que d’autres céréales mais il est rustique. Les pois apportent de l’azote pour le triticale. Le mélange ne doit pas excéder 25 % de protéines de pois de façon à éviter les effets antinutritionnels sur les poulets. »
Pour réaliser ce dosage, les exploitants disposent d’un silo de triticale pur et d’un autre pour le mélange. Ils s’appuient également sur les valeurs nutritionnelles indiquées dans leur outil de formulation (lire l’encadré). « Nous multiplions les essais dans le but de voir ce qui est réalisable sur le plan agronomique, mais aussi d’évaluer les résultats sur les poulets. » Le couple produit par ailleurs 7 ha de maïs grain. « La récolte est entièrement livrée à la coopérative, où le maïs est ventilé et séché. Il revient ensuite à la ferme au cours de l’année, par camion de 25 tonnes, pour être incorporé dans l’alimentation des volailles. »
La production d’aliment est assurée par une fabrique pour porcs modifiée, afin d’obtenir une granulométrie adaptée aux volailles. L’exploitation dispose d’une capacité de stockage de céréales de 100 t, bientôt portée à 160 t. « La fabrication d’aliment est réalisée en flux tendu, de manière à éviter le phénomène d’oxydation. » Deux tonnes sont produites chaque semaine à destination des poulets en croissance (de 30 à 60 jours) et en finition (de 60 à 112 jours). Des minéraux sont ajoutés au mélange constitué de maïs, triticale et pois, ainsi que des protéines de pomme de terre achetées pour la phase de croissance. « L’aliment nous revient en moyenne à 550 €/t, soit 100 à 150 € de moins que dans le commerce. »
Des besoins spécifiques au démarrage
Pour le démarrage des poussins de 0 à 30 jours, l’aliment n’est pas fabriqué sur l’exploitation. « Les besoins en acides aminés essentiels sont importants, notent Séveryne et Clément. Avec les matières premières produites sur place, nous ne parvenons pas à assurer des apports suffisants en lysine et en méthionine. » Le couple a donc recours à des tourteaux de soja et de tournesol bio d’origine européenne. « Enrichir les parcours des poulets en y implantant des fourragères protéiques serait une piste pour limiter la dépendance aux aliments du commerce, au moins sur la période estivale. Nous envisageons de réaliser des essais sur quelques bandes de poulets. »