Armand Aubron, 29 ans, est aviculteur à Gesté (Maine-et-Loire). Installé depuis près de dix ans, il élève des poulets standards dans quatre bâtiments de 1 000, 1 500 et 1 600 m². « Depuis que je travaille en poulailler, je suis de nouveau sujet à l’asthme, explique-t-il. L’affection respiratoire avait disparu après l’enfance. Par ailleurs, aujourd’hui, je fais aussi de l’apnée du sommeil. » En arrière-plan de ces pathologies : les poussières d’élevage.

Repérer les chantiers à risques

Dans une démarche de prévention, Armand a repéré les situations les plus à risque : « les chantiers ou travaux qui augmentent fortement la concentration de poussières dans l’air. » Il a aussi évalué la durée pendant laquelle il était exposé. « Le paillage est le plus gros point noir », pointe l’éleveur, dont les volailles sont sur une litière de copeaux de bois fins, issus de scieries. Pendant le cycle d’élevage, qui dure en moyenne 35 jours, l’éleveur est exposé au risque entre 15 et 30 minutes lorsqu’il dépose la couche de base (3 à 5 cm), puis entre 20 et 60 minutes à chaque passage complémentaire.

Autres chantiers à risque : l’enlèvement des volailles, le curage, les déplacements et le déchargement des poussins. Pour cette dernière manipulation, « le NestBorn, une nouvelle technologie pour faire éclore des poussins dans le poulailler, a eu un effet positif que je n’avais pas anticipé », note-t-il. Il l’utilise désormais pour la moitié des mises en place. L’enlèvement des volailles, reste une phase critique. « C’est un chantier physique qui fait transpirer, dure parfois jusqu’à six ou sept heures quand plusieurs bâtiments sont à vider et provoque une hausse de température dans le bâtiment », détaille l’éleveur.

Investir dans des masques

Le chef d’exploitation a investi dans des masques de protection. D’abord, dans des masques jetables à cartouche de charbon, de type FFP2, conçus pour filtrer 94 % des particules en suspension. Mais aujourd’hui, ces modèles ne sont plus guère utilisés, ni par Armand, ni par Baptiste, salarié de l’élevage depuis un an et demi. « Ils peuvent convenir pour un simple passage dans le bâtiment, mais dès qu’un effort physique est nécessaire, ils deviennent vite inconfortables », estime l’éleveur. Autre frein : leur coût, environ 2 euros par pièce, qui incite à prolonger leur usage au-delà des recommandations.

Il y a quatre ans, l’éleveur a choisi une casquette de protection équipée de cartouches à charbon, et ventilée. « Elle a ses limites en situation de forte concentration, mais c’est ce que j’ai vu de plus intéressant, quel que soit le chantier », pointe Armand, qui apprécie également sa légèreté et l’absence de caoutchouc, irritant pour la peau. L’éleveur testera d’ici l’été deux autres équipements : un masque ventilé à cartouche (modèle Powercap Infinity du fabricant JSP) et un système de ventilation assistée (du fabricant 3M). « Ces essais sont réalisés dans le cadre du projet Quali’Air », précise-t-il.