« Ce qui est autorisé en Europe devrait l’être également en France. […] On ne peut pas considérer que les 26 autres pays européens qui accordent des autorisations de traitement [phytosanitaire] le font au mépris de la santé de leur population », a déclaré la ministre lors d’un point avec la presse à l’issue de sa visite d’une exploitation d’endives à La Couture, près de Béthune, le 21 novembre 2024. « Donc pourquoi est-ce que nous, nous avons des surtranspositions ? C’est la question », a-t-elle ajouté.

« Le débat aura lieu au Parlement […], c’est une question compliquée, mais moi je me place résolument du point de vue des producteurs, je ne veux pas laisser les producteurs dans le désarroi, voire le désespoir de la perte de leurs filières », a encore affirmé la ministre.

Deux dérogations accordées

La ministre a également confirmé deux dérogations de 120 jours pour deux herbicides en 2025, le Viballa (halauxifène-méthyl) et l’Atic Aqua (pendiméthaline). Ils seront utilisables par tous les endiviers comme alternative au Bonalan (benfluraline), qui a été retiré du marché.

Viballa avait déjà reçu une dérogation sur endive en 2024, mais seulement pour 40 hectares. Les essais n’avaient pas tous été concluants. « Le produit fonctionne sur certaines variétés mais pas sur d’autres », explique Pierre Varlet, directeur de l’Apef (Association des producteurs d’endives de France). Cet herbicide est homologué à ce jour seulement sur tournesol.

De son côté, l’Atic Aqua avait aussi déjà reçu une dérogation en 2024, sans restriction de surfaces. Mais peu de producteurs l’avaient utilisé. Dans les essais de l’Apef, la pendiméthaline a également manqué de sélectivité sur certaines variétés. « Nous pouvons difficilement dire aux producteurs d’utiliser ces solutions-là si nous-mêmes nous ne sommes pas capables de dire comment elles doivent être utilisées. Nous n’avons qu’une année de recul. » Les essais vont se poursuivre en 2025.

1 million d’euros pour la recherche de solutions en endives

La ministre a signé jeudi 21 novembre une subvention d’un million d’euros sur cinq ans à l’Apef pour la recherche de solutions alternatives aux produits phytosanitaires. « On a des petites mesurettes qui arrivent, mais nous, ce qu’on veut, c’est l’ensemble de nos revendications […], qu’on puisse vivre de notre métier sereinement et envisager l’avenir », a réagi à l’issue de cette visite Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais.

Acétamipride

Les propos de Mme Genevard sur les pesticides font écho à ceux tenus mercredi 20 novembre par le Premier ministre Michel Barnier. « Chacune de ces surtranspositions, quand elle n’est pas justifiée, crée quelque part une concurrence déloyale que nous créons nous-mêmes contre nos propres entreprises agricoles, artisanales ou industrielles », avait déclaré Michel Barnier devant le Sénat.

« Nous allons regarder chacune de ces surtranspositions. […] Je préfère que cela fasse l’objet d’un travail bicaméral, entre les deux chambres… Et qu’on mette fin à celles qui ne sont pas justifiées aujourd’hui et qui créent ces concurrences déloyales », avait ajouté le Premier ministre.

Interrogé par l’AFP sur le fait de savoir si le gouvernement était prêt à autoriser à nouveau l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes (insecticides neurotoxiques), ou d’autres produits phytosanitaires réclamés par les producteurs, Matignon a indiqué mercredi : « Le sujet pesticides est en cours d’arbitrage. »

Sur le terrain, l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA ainsi que de la Coordination rurale défendent notamment le retour de l’acétamipride, réclamé par les producteurs de noisettes et de betteraves à sucre. La substance active est interdite en France, mais utilisé dans d’autres pays de l’Union européenne, notamment en Allemagne.