Chaque année les semenciers injectent en moyenne 11 % de leur chiffre d’affaires dans l’innovation. « Environ 20 % de cet effort de recherche est soutenu par le crédit d’impôt recherche (CIR), a chiffré Olivier Paul, président de l’Union française des semenciers (UFS) le 5 novembre 2025 lors de la conférence de presse annuelle de l’organisation. Hors ce CIR, tous les ans on ne sait pas à quelle sauce il va être mangé ».

2026 ne fait pas exception. Le projet de loi de finances n’est pas encore ficelé, mais « on ne sait pas si le CIR va continuer à exister, ou à quelle hauteur », s’est inquiété Olivier Paul. L’UFS craint une nouvelle baisse de cette aide, après un « premier rabot » l’an passé. « C’est une difficulté pour nous, [alors que] ces dispositifs d’aide à la recherche existent chez [tous] nos principaux concurrents internationaux », a souligné le président de l’organisation. Et Rémi Bastien, vice-président, de relever que le CIR a aussi « permis d’attirer un certain nombre d’opérateurs mondiaux sur la France ».

Le flou persiste autour des NBT

L’UFS tente ainsi de rappeler aux décideurs l’importance de ce CIR, avec par exemple de récentes rencontres avec des sénateurs. Petite note d’espoir toutefois, des amendements favorables à ce crédit d’impôt sont encore en discussion, a fait remarquer Rachel Blumel, directrice générale.

Olivier Paul, président de l'Union française des semenciers - UFS (à gauche), Rachel Blumel, directrice générale, et Rémi Bastien, vice-président, ont animé la conférence de presse annuelle de l'organisation le 5 novembre 2025. (© Raphaëlle Borget / GFA)

Autre source d’inquiétude et d’incertitude pour l’organisation, les négociations européennes sur les nouvelles techniques génomiques (NBT en anglais) qui n’en finissent. Selon l’UFS, la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne s’efforce de mener le trilogue entre les trois entités européennes (Conseil, Commission, Parlement) jusqu’à un compromis avant de passer la présidence à Chypre au 1er janvier 2026. Mais les questions de brevetabilité et d’étiquetage des variétés ne font toujours pas consensus.

Peu de visibilité

Sans adoption du texte, difficile pour les entreprises françaises de s’investir pleinement dans la recherche via ces NGT. Elles déplorent un manque de visibilité. « Aujourd’hui nos marchés sont majoritairement européens, a exposé Olivier Paul. Investir [dans les NGT] en disant qu’on ne pourra pas en bénéficier sur notre principal marché, c’est compliqué. Et se dire qu’on va l’amortir sur les marchés à l’export dans le contexte actuel, c’est un vrai challenge ».

Pour finir, un autre projet de texte européen (« PRM/MRV ») relatif aux semences pourrait impacter prochainement les semenciers. Il s’agit d’un règlement « très technique » et bien moins politique et médiatique que celui des NBT, pourtant déposé au même moment par la Commission européenne, mi 2023. « Ce texte est extrêmement stratégique pour nous, puisqu’il va redéfinir les conditions d’inscription des nouvelles variétés, les conditions de production et de certification des semences, et les conditions des marchés », a présenté Rachel Blumel.