Les pyréthrinoïdes sont des molécules insecticides à large spectre, très utilisées pour lutter contre de nombreux ravageurs, sur diverses cultures (1). Le cas des pucerons et des cicadelles sur céréales à paille, vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) pour le premier et de la maladie des pieds chétifs pour le second, en est un bon exemple. « La couverture en France est importante et représente environ 30 % des surfaces de blé tendre et d’orge d’hiver, soit 1,8 million d’hectares (2), rapporte Robin Comte d’Arvalis. Les traitements à base de pyréthrinoïdes, lorsqu’ils sont bien positionnés, sont très efficaces contre ces insectes. »
Or, l’Anses a récemment alerté sur les risques que représentent certaines substances de la famille des pyréthrinoïdes, sans distinction des usages biocides et phytosanitaires, pour la santé humaine. « Si les agriculteurs perdent cette solution demain, le risque lui ne va pas disparaître, réagit Robin Comte. De plus, le flonicamide, la seule matière active non pyréthrinoïde homologuée contre les pucerons d’automne, est peu efficace sur cette cible et non recommandé ».
Alternatives à l’essai
Depuis l’interdiction des traitements de semence à base de néonicotinoïdes, la famille des pyréthrinoïdes est donc la seule solution chimique homologuée et efficace encore disponible. « Si cet usage disparaît, beaucoup de producteurs céréaliers risquent de se retrouver en difficulté, car les autres leviers de lutte (voir encadré) ne sont pas toujours suffisants à eux seuls », abonde Robin Comte.
Et à ce jour, aucune solution de lutte directe alternative testée par l’institut n’est satisfaisante. « L’huile de paraffine, qui n’est pas homologuée pour ces usages, est la seule solution à s’être distinguée dans nos essais, rapporte le spécialiste. Cependant, son efficacité est réduite de moitié par rapport aux pyréthrinoïdes, pour quatre fois plus de traitement. Cette alternative n’est donc pas envisageable en l’état. »
Efficaces mais…
Les pyréthrinoïdes ont tout de même des limites. Leur durée d’efficacité oscille entre 10 et 15 jours : la période à risque pour la plante, de la levée jusqu’à montaison, n’est donc pas totalement couverte par ce type de traitement. De plus, leur positionnement peut être difficile puisque ces produits de contact ont besoin de toucher leur cible pour être efficace.
Enfin, qui dit une seule famille chimique, dit risque de résistance : « il a été détecté un cas en Hauts-de-France en 2020, et des problématiques similaires existent à l’étranger, notamment au Royaume-Uni et en Irlande. Il n’y a pas eu de nouvelle détection en France depuis, mais cela confirme la nécessité de combiner les leviers de gestion. »
(1) Cyperméthrine, lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, tau-fluvalinate, esfenvalérate…
(2) Ce chiffre varie selon plusieurs paramètres, dont les niveaux d’infestation à l’automne.