Les actions qui se multiplient à l’encontre de ces parlementaires choquent le ministre de l’Agriculture. Il l’a affirmé ce mardi 30 juillet 2019 face à Apolline de Malherbe, journaliste sur BFM TV. « Ce ne sont pas des méthodes, a lancé Didier Guillaume. Moi, je veux lutter tous les jours contre l’agribashing, contre ceux qui critiquent l’agriculture, les agriculteurs, celles et ceux qui rentrent dans les élevages, prennent des photos, qui sont toujours en train de montrer du doigt, à déconsidérer les agriculteurs. Je lutte contre l’agribashing, mais je lutte aussi contre l’antiparlementarisme. »

Des méthodes « pas acceptables »

Et d’insister : « je pense que ces méthodes ne sont pas acceptables. On connaît les manifestations d’agriculteurs. […] Du fumier déversé, des pêches pourries… devant les préfectures, oui, ça peut arriver. Mais ce que je demande à la FNSEA, à JA, aux agriculteurs, c’est certes de revendiquer, c’est leur rôle, […] d’avoir des divergences avec le gouvernement, c’est la démocratie. C’est évidemment de pouvoir être contre le Ceta, mais s’en prendre à des parlementaires parce qu’ils auraient voté ceci ou cela, ce n’est pas de la démocratie. Et c’est cela que je condamne. »

 

Et que répond le ministre quand la journaliste l’interroge sur « la forme de compréhension de Christiane Lambert pour cette forme de colère » ? « Évidemment, elle est présidente du syndicat, poursuit-il. [Christiane Lambert] ne peut pas condamner ces actions, mais en même temps, j’ai compris qu’elle voulait apaiser, que l’on ne peut pas arriver dans une confrontation entre les agriculteurs et les députés. […] Moi, je veux apporter ma solidarité aux députés qui ont été visés. Il faut respecter la démocratie. »

« Je comprends les inquiétudes des agriculteurs »

Sur le fond du dossier, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, Didier Guillaume affirme qu’il « comprend les inquiétudes des agriculteurs sur le Ceta. J’ai essayé de leur expliquer que des inquiétudes pouvaient être fondées d’un côté, que nous, on pensait qu’elles pouvaient ne pas l’être. […] Le Ceta a été ratifié la semaine dernière, mais ça fait plus d’un an qu’il est entré en application. Et depuis un an que s’est-il passé ? Les importations de viande bovine en France ont été très très faibles. »

 

Pour le ministre français, sur le dossier de la viande bovine, « le vrai sujet de concurrence […], c’est en Europe. 97 à 98 % de la viande importée en France provient d’Europe. » Et quand Appoline de Malherbe demande à Didier Guillaume « pour vous le Canada n’est pas une menace ? » Il répond sans hésiter que non. « L’accord sur le Mercosur peut avoir des conséquences beaucoup plus néfastes. Ça sera à vérifier, là encore. Sur le Ceta, nous allons faire des vérifications. Nous allons faire des contrôles sanitaires. »

Aucune garantie

Mais la journaliste de BFM ne lâche pas le morceau. Elle lui demande si le ministre peut garantir que de la viande de bovins nourris avec des farines animales ne sera pas importée en France. « Je ne peux pas vous le dire, répond-il. Quand il y a des fraudes, il y a des fraudes. […] Nous ne laisserons pas entrer en France des viandes qui ne correspondent pas aux normes de la France, aux normes de l’Europe. Aucun bœuf canadien […] nourri avec des farines animales de ruminants sera importé en France. » Chiche !