« Ce n’est pas avec de l’herbe que les éleveurs produiront du lait cet hiver », s’inquiète Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), ce mercredi 2 octobre au Sommet de l’élevage.
« À défaut de pouvoir acheter du fourrage, nombre d’éleveurs prennent la décision de décapitaliser, en vaches laitières comme allaitantes, poursuit le syndicaliste. Il y a cinq ans, on assistait à une importante conversion du troupeau laitier vers l’allaitant. Aujourd’hui, c’est l’ensemble des cheptels bovins qui s’érodent.
« Mévente en viande bovine »
Dans la filière allaitante, « nous connaissons une véritable mévente de la viande bovine. Depuis deux ans, l’érosion des prix met les producteurs en graves difficultés, alerte Pierre Burgan, président de France Blonde d’Aquitaine sélection, race à l’honneur cette édition du Sommet de l’élevage. « De nombreux éleveurs ne gagnent pas plus de 500 euros par mois, et décident de cesser la production. Or une étable qui ferme ne redémarre jamais. »
Gratuité des péages pour les fourrages
En visite au salon, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, a annoncé ce mercredi 2 octobre « des avances sur les calamités agricoles dès le 16 octobre, notamment dans le Puy-de-Dôme et dans l’Allier, qui sont les départements les plus touchés ». Par ailleurs, « nous avons obtenu la gratuité des péages pour transporter la paille et le fourrage ».
S’agissant de la gestion de l’eau, « nous avons fait une instruction pour autoriser à nouveau les retenues d’eau partout en France, rappelle le ministre. Elles doivent tenir compte de l’étiage, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Nous voulons mettre en place des projets collectifs. »

« Non au Ceta, députés hors la loi »
Didier Guillaume a également été interpellé sur l’accord de libre-échange avec le Canada. « Pourquoi ajoutez-vous des problèmes supplémentaires avec le Ceta ? », lance un jeune éleveur. « N’en rajoute pas, lui rétorque le ministre de l’Agriculture. L’enjeu, c’est l’Europe. Nous sommes concurrencés avec les pays européens à 98 %. Nous avons l’occasion d’exporter de la viande bovine en Chine par dizaine de milliers de tonnes, et on ne le fait pas. »
Dans les travées sur salon, de larges banderoles à l’encontre de l’accord de libre-échange avec le Canada ont été dépliées, sans signature apposée. (voir photo ci-dessous). « EGA (1) ou Ceta ? C’est l’heure du choix ! Non au Ceta, députés hors la loi », pouvait-on y lire.

Emmanuel Macron pressenti ce vendredi
Alors que le président de la République Emmanuel Macron est attendu pour le centenaire du quotidien régional La Montagne ce vendredi 4 octobre à 18 heures à Clermont-Ferrand, il pourrait faire une halte en début d’après-midi au Sommet de l’élevage. À défaut d’une annonce officielle, certaines sources confirment d’ores et déjà sa présence.
Article modifié le 03/10/2019 (ajout de la date de début de versement des avances sur les calamités agricoles).