Ancien banquier, Nicolas Mallein accompagne des porteurs de projets au sein de son propre cabinet, Unica conseil. Pour cet expert en ingénierie financière, spécialiste des enjeux énergétiques et environnementaux, la question du financement doit se poser dès le démarrage. « Trop de projets sont mal présentés, pointe-t-il. Souvent, le partenaire technique a laissé penser qu’un niveau sous-dimensionné de fonds propres et d’apports suffirait. À mesure que le projet avance, il me paraît essentiel de vérifier, avec les “sachants” - expert-comptable, partenaire financier, conseil…-, si les prescriptions faites par les hommes de la technique sont en cohérence avec les exigences de la banque. »
Bien dimensionner son projet, dès le départ
Que le projet émane d’un agriculteur seul ou qu’il soit porté par un collectif, l’existence d’un cadre de pilotage est un élément déterminant pour convaincre les partenaires financiers, et notamment le banquier. « Celui-ci sait qu’un risque de non-remboursement peut arriver par un problème de gouvernance, explique Nicolas Mallein. Les personnes impliquées ont-elles l'habitude de fonctionner ensemble ? Ont-elles organisé l'administration du projet, leur capacité à éventuellement apporter des fonds propres complémentaires en cas de besoin ? Ce sont des questions auxquelles il faut être prêt à répondre. » La solidité du “pacte d'associés" est fondamentale pour rassurer les financeurs, notamment en cas d'imprévu.
Prévoir, en intégrant les aléas, à tous les stades du projet
La confiance entre le ou les porteurs de projet et son ou ses partenaires financiers joue certes un rôle dans la conclusion d’un accord entre les parties. Hélas, le banquier doit aussi s'assurer que le projet a intégré tous les aléas possibles, tant dans sa phase de construction que d'exploitation. Il faut aussi démontrer la capacité à gérer ces aléas. « En clair, plus le projet est maîtrisé sur le plan technique, des autorisations et des conditions d'exploitation, notamment dans le “qui fait quoi”, plus le banquier sera rassuré », insiste Nicolas Mallein. Sans oublier le minimum de sécurité, appelé ratio de couverture, aujourd’hui porté à 130 %.
Des financements multiples, à connaître et solliciter
Quid des aides ? Aux apports en fonds propres et à l’emprunt bancaire peuvent s’ajouter, c’est courant, des financements d’origines diverses. Parmi les subventions à solliciter : celles de l’Ademe, des agences de l'eau, de la Région ou encore du Feader (Europe). Une partie du financement peut aussi consister en prêts à taux zéro mis à disposition par des instances régionales. « L’appel à financement, ou crowdfunding, connaît également un essor régulier et sécurisant pour l'ensemble des parties, ajoute le dirigeant d’Unica conseil. C'est la possibilité pour des épargnants de donner du sens à leur épargne en fléchant leurs investissements. » Une forme d’implication citoyenne dont la mise en avant permet aussi de renforcer l’acceptabilité locale des projets.