Sur l’exploitation de Benoît Bougler, dans la Somme, la haute structure d’une canopée agrivoltaïque surplombe trois hectares de terres, à proximité des bâtiments de la ferme. L’installation, conçue et installée par la société TSE, s’inscrit dans un programme expérimental de 9 ans. En plus de l’agriculteur, présent au quotidien dans ses parcelles, l’énergéticien s’est adjoint l’expertise du groupe coopératif Noriap et de la chambre d’agriculture du département pour assurer le suivi des cultures semées sous la structure.
Du blé, de la pomme de terre, du maïs… et l’année prochaine, des haricots
« La spécificité de ce site agrivoltaïque, c'est d’avoir mis en culture sur la même parcelle trois espèces végétales différentes, fait valoir Xavier Guillot, responsable R&D biologie végétale chez TSE. Un blé est en cours de croissance sous la partie est de la structure, le maïs vient d'être semé et ces prochains jours, nous allons planter de la pomme de terre. L'année prochaine, il y aura aussi des haricots. »
Le maïs et la pomme de terre seront irrigués grâce à un système d’asperseurs fixés aux poteaux de la centrale à 2,5m du sol. Un avantage pour l'agriculteur, délivré de l’obligation de déplacer manuellement son enrouleur. L’aspersion est automatisée et programmable afin de gérer la quantité d’eau à apporter et de viser le meilleur moment, de nuit lorsqu'il fait moins chaud ou quand le vent diminue.
« Acquérir des références pour les agriculteurs qui investiront dans ce domaine »
Le suivi des cultures se veut rigoureux : « Nous allons monitorer les différences de stades phénologiques entre le témoin et la partie sous panneaux, ainsi que l'activité photosynthétique pour mesurer comment cette dernière est impactée par la présence de l'ombrage dynamique, indique Xavier Guillot. Nous voulons aussi surveiller la protection apportée par les panneaux contre les fortes températures et le stress hydrique. »
Partenaire du dispositif, le groupe Noriap accompagne le suivi des cultures. Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales pour la coopérative, confirme l’intérêt porté au projet : « Pour notre service agronomie, plus spécifiquement, il s’agit d'acquérir des références dans le suivi des cultures sous canopée, pour les agriculteurs qui investiront dans ce domaine. »
Cultures irriguées : comprendre l’effet des ombrières sur le besoin en eau
La chambre d'agriculture s’est quant à elle positionnée sur le suivi de l’alimentation en eau de la pomme de terre. « Nous voulons aussi acquérir des références et comprendre l'effet des ombrières sur la demande en eau de la culture et le besoin en irrigation, explique Matthieu Preudhomme, ingénieur conseil. Il faut s’assurer que le niveau de productivité n'est pas impacté. »
Conjuguer production photovoltaïque et amélioration du potentiel des cultures est-il possible ? C’est ce que TSE veut étudier sur ce site. Une chose est certaine, l’exploitant agricole bénéficie d’ores et déjà d’un loyer versé sur la production d’électricité solaire, et l’étude du site devrait permettre d’en apprendre encore davantage sur les bénéfices de l’agrivoltaïsme, et plus spécifiquement de l’ombrage tournant.