Depuis près de 10 ans, dans le nord-ouest de l’Ariège, les associés du Gaec du Champ Boule élèvent une quinzaine de bovins allaitants et une centaine de brebis, cultivent des légumes, transforment le lait et pratiquent la vente directe. « On a commencé à parler de collectif, avant même de parler de projet agricole », se souvient Tom. En 2012, celui-ci s’associe avec Hélène et Matthieu en couple, pour reprendre une exploitation en élevage ovins et bovins allaitants.
Les trois associés montent une fromagerie, puis un atelier de maraîchage, et développent la vente en circuit court. Une nécessité pour compenser la perte de la moitié du foncier à la transmission et rémunérer trois personnes. « À la reprise avec si peu de surfaces, les primes bovines de montagne nous ont permis de nous consolider », rajoute Matthieu.
Mutualiser et planifier
Le projet était surdimensionné, admettent aujourd’hui les associés. « On faisait à trois ce qu’on fait aujourd’hui à cinq, le collectif aurait pu exploser », confient-ils. Après une année de salariat et un Cefi (1), Julien et Grégoire rejoignent le Gaec. Puis Hélène cède sa place à Pauline. « La mutualisation nous apporte des avantages économiques : on ne paye qu’une assurance, nous n’avons que deux tracteurs et deux véhicules, explique Matthieu. Avoir un seul mode de commercialisation pour tous nos produits nous fait aussi gagner du temps. »
Un gain de temps important pour les associés qui se sont fixé quelques règles : être en agriculture diversifiée, se rémunérer correctement et avoir du temps libre. Des principes qui guident les décisions au sein du Gaec. « Par exemple, nous avons calé les horaires de la traite pour pouvoir emmener et récupérer nos enfants à l’école, explique Matthieu. On essaye que les tâches rentrent dans la journée pour atteindre 35-40 heures par semaine. Vu de l’extérieur, les gens nous voient travailler moins que d’autres collègues agriculteurs. Ça interroge, mais s’arranger pour ne pas travailler le week-end demande beaucoup d’organisation. »
Décider à cinq
Les tâches sont réparties au sein du collectif chaque semaine. « On ne travaille quasiment jamais seul sur un atelier », souligne Grégoire. Une richesse, selon Matthieu. « Cela permet d’atténuer les moments difficiles et de partager les moments sympas. » Au quotidien, les décisions se prennent à cinq. « Certes, c’est plus long et plus compliqué que tout seul, mais c’est aussi plus construit », affirme Tom.
Accompagnés par l’Atag (2), les associés se sont formés à la gestion du temps, l’organisation du travail et des responsabilités. Au quotidien, ils veillent à garder une transversalité dans leurs missions. « Il faut lutter pour que chacun ne soit pas dans sa ligne, alerte Matthieu. Quand on ne comprend pas ce que font les autres associés sur leur atelier, c’est prendre le risque que le collectif se défasse. »
(1) Contrat emploi formation installation, il s’agit d’un dispositif régional.
(2) Association pour le développement de l’emploi agricole et rural.