https://www.dailymotion.com/video/x8mruvz?Autoplay=1

À 40 mètres de la Seine siège la ferme collective de Toussacq, de la coopérative Les Champs des possibles (CDP) à Villenauxe-la-Petite (Seine-et-Marne). Vue du ciel, cette exploitation ressemble à une petite ville avec ses bâtiments agricoles et ses serres qui l’entourent. Agriculteurs, saisonniers, scouts, stagiaires… la ferme grouille de monde à toute heure de la journée. Cette exploitation est « lieu de test d’activité » de la coopérative, une société coopérative d’intérêt collectif, (Scic), pour les personnes qui souhaitent s’essayer au métier d’agriculteur sous différents statuts. La ferme Toussacq est un endroit particulier où le système d’aides financières n’est pas adapté au nombre d’exploitants.

« Nous avons droit à des aides dans la coopérative, mais nous comptons comme un seul exploitant agricole, alors que nous sommes une douzaine de paysans », déclare Abdenour Hammad, éleveur de chèvres installé à Toussacq depuis 2021. Dans ce type d’exploitation, l’adage « un pour tous, tous pour un » s’applique aussi pour les aides. « Aux yeux de la région et des subventions, nous sommes des salariés agricoles. Nous n’avons pas du tout les mêmes avantages qu’un exploitant », regrette-t-il.

Pas de DJA

Bien que la douzaine d’agriculteurs soit sous le même étendard Les Champs des possibles en tant que salariés, ils sont chacun à la tête de leurs activités et de leurs comptabilités. Alors, qu’est-ce qui change au niveau des aides par rapport à un exploitant seul ? Pour le début de carrière, « peu importe notre statut, on ne reçoit pas d’aides au démarrage comme la dotation au jeune agriculteur (DJA), raconte Abdenour Hammad. Nous ne sommes pas considérés comme un exploitant agricole par la région. C’est anormal et discriminatoire de ne pas avoir cette aide pour nos lancements. Pourtant, lorsqu’une personne s’installe toute seule et qu’elle récupère une ferme avec des bâtiments déjà existants, elle obtient quand même la DJA. »

Les producteurs ne touchent pas directement d’aides à l’investissement. Lorsqu’ils ont un projet (achat de matériel, bâtiments), ils doivent déposer une demande auprès de la coopérative. Cette dernière monte un dossier et fait les demandes d’aides annuelles et d’emprunts, puis les obtient en son nom. L’agriculteur rembourse ensuite la différence d’investissement de la coopérative sous forme de « loyer » sur plusieurs mois.

« Il fallait investir 250 000 euros pour construire le bâtiment de la chèvrerie, précise Abdenour Hammad. La coopérative a obtenu des aides à l’investissement à hauteur de 120 000 euros. Elle a pris en charge le reste à payer de 130 000 euros répartis sur plusieurs années avec un loyer que nous lui versons. » La coopérative perçoit également les aides Pac, qu’elle redistribue aux agriculteurs. Celles-ci varient en fonction du nombre d’hectares ou de têtes détenus pour l’exercice de leurs activités agricoles.