Le Collectif Nourrir, qui regroupe une cinquantaine d’organisations paysannes, de protection de l’environnement, du bien-être animal et de citoyens, tenait ce 10 janvier 2024 un webinaire sur le pacte et le projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles. « Un pacte et une loi qui ont accouché d’une souris et qui risquent de rater leur cible, observe Matthieu Courgeau, le président du collectif. Quand on va dans le détail, il y a une grande insuffisance des mesures proposées. »
Statu quo sur l’accueil des porteurs de projet
Le Collectif Nourrir pointe le sujet de la gouvernance du parcours à l’installation. La loi confie notamment aux chambres d’agriculture l’accueil et l’orientation de tous les porteurs de projets en agriculture. Le Collectif Nourrir y voit un statu quo, voire une aggravation de la situation actuelle. « Cela va renforcer le parcours proposé aujourd’hui, explique Salomé Le Bourligu de l’association SOL, Alternatives agroécologiques et solidaires. Or, la majorité de ceux qui s’installent aujourd’hui ne passent pas par ce parcours. »
« Le verrouillage du parcours géré par un unique acteur nous fait courir le risque de ne pas atteindre les objectifs de transitions agroécologiques », poursuit-elle.
Pas d’ambition sur la transition agroécologique
Le Collectif Nourrir déplore le manque d’ambition du pacte au sujet de la transition agroécologique. « Concrètement, on a du mal à voir quelles mesures objectivent ce qui est inscrit dans la planification écologique, souligne Pauline Rattez, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Cela reste uniquement de l’ordre du discours. »
Le Collectif s’alarme même d’un renforcement de « l’industrialisation de l’élevage » au travers de la mesure 31 du pacte qui vise à faciliter les projets de bâtiments d’élevages classés ICPE. « Nous avons aussi des inquiétudes sur ce qui est mis en avant au sujet de l’eau et sur l’accélération des projets de stockage », poursuit Pauline Rattez. Peu d’espoir également sur le futur plan engrais, où « il n’y a pas d’argument sur la réduction de leur utilisation ».
Le Collectif Nourrir entend poursuivre les discussions auprès des parlementaires pour amender le projet de loi.