La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, s’est rendue le 5 juin 2025 dans un élevage de canards gras. Une séquence essentiellement protocolaire, menée en marge du congrès national des Jeunes Agriculteurs, et à laquelle a assisté le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), Fabien Chevalier.
De l’avis même de la filière, il ne fallait rien en attendre. « Nous n’étions pas en attente d’informations spectaculaires », reconnaît la directrice du Cifog, Marie-Pierre Pé, jointe par La France Agricole le lendemain de la visite. En déplacement avec la Fédération européenne du foie gras, elle n’y a pas assisté, mais confirme qu’aucune annonce nouvelle n’y a été faite.
Une réouverture britannique déjà acquise
Parmi les sujets évoqués sur place, la réouverture des exportations vers le Royaume-Uni, saluée par la profession mais connue depuis plusieurs semaines. « C’est une bonne nouvelle pour la filière du canard, mais nous le savions déjà », rappelle Marie-Pierre Pé. Désormais, l’enjeu prioritaire pour le secteur est ailleurs : au Japon, premier marché à l’exportation pour le canard à foie gras français. « C’est beaucoup plus important pour nous, économiquement, que le Royaume-Uni », insiste-t-elle.
La filière reste surtout suspendue à une série de discussions techniques sur les règles encadrant la vaccination contre l’influenza aviaire. Si cette campagne vaccinale est considérée comme un succès par le secteur et le ministère de l’Agriculture, elle s’accompagne de lourdes exigences de surveillance post-vaccination, imposées par l’acte délégué européen actuellement en vigueur. « Des discussions en cours entre la cheffe vétérinaire officielle [CVO, qui représente l’autorité vétérinaire nationale auprès des institutions de l’Union européenne, NDLR] et Bruxelles », indique Marie-Pierre Pé.
Ce que la filière espère : un assouplissement des exigences de surveillance, jugées « draconiennes » dans leur forme actuelle. « Ce serait une bonne nouvelle, mais pour l’instant, c’est beaucoup trop tôt », résume-t-elle. Sur le terrain, la tension monte autour des règles de mise à l’abri des canards, malgré la vaccination. « Il y a une pression importante de nos éleveurs, précise la directrice du Cifog. Ils ne comprennent pas pourquoi les conditions restent aussi contraignantes, notamment quand le niveau de risque est modéré. »
En attendant les Assises
Concernant le financement de la vaccination, le Cifog n’évoque pas non plus de nouveauté. Le sujet reste un fil rouge des travaux des Assises du sanitaire, qui se poursuivent, avec des nouvelles réunions des groupes de travail prévues dans les prochaines semaines. Mais selon Marie-Pierre Pé, « c’est encore très flou ».