Le Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) s’est intéressé aux systèmes pâturants dans son observatoire annuel technico-économique des systèmes bovins laitiers publié en novembre 2023. Il s’appuie sur un comparatif entre les élevages herbivores en agriculture durable (dites AD) et les fermes du réseau d’information comptable agricole (Rica) du Grand Ouest du ministère de l’Agriculture.
Le prix du lait étant différent entre l’agriculture biologique et le conventionnel, le Civam a fait le choix de principalement comparer les fermes en agriculture durable non bio (28) à des exploitations laitières du Rica (250) sur l’année comptable de 2021. Le Rica représentant l’agriculture moyenne française, des fermes biologiques y sont intégrées.
Lait : Des fermes plus durables et résilientes (10/04/2023)
Les fermes en agriculture durable non biologiques sont plus petites, note l’observatoire du Civam. Pour l’équivalent d’un temps complet sur l’exploitation, elles ont une SAU (surface agricole utile) de 88 hectares dont 65 en pâturage, contre 97 hectares dont 50 en pâturage pour des fermes du Rica. La surface plus élevée des fermes du Rica correspond à un troupeau plus important de 121 UGB (unité gros bovin), contre 99 UGB pour celle en agriculture durable non bio du Civam.
Moins de production
Le produit d’activité des fermes en agriculture durable non bio est, en 2021, bien inférieur à celui des fermes Rica (–28 %), avec 8 hectares de cultures vendues en moins et une production laitière plus faible de 114 130 litres.
Si les fermes en agriculture durable non bio enregistrent un produit d'activité par actif (UTHF : unité de travail humain familiale) inférieur par rapport à la moyenne des fermes du Rica, elles parviennent à trouver leur équilibre financier grâce à la valeur ajoutée de leurs produits.
« Quand on s’intéresse au résultat courant (RC) […], on constate que le résultat des fermes AD est similaire au résultat de la moyenne des fermes Rica », analyse le Civam. Le résultat courant, de 33 900 € pour un actif (UTHF : unité de travail humain familiale) d’une exploitation du Rica est seulement de 4 % supérieur au revenu d’une ferme en AD non bio, de 32 400 €.
Baisse des coûts
L’équilibre réside dans la faible consommation d’intrants coûteux, la réduction des frais de vétérinaire (42 €/UGB contre 57 €/UGB) et de mécanique (539 €/ha contre 818 €/ha), et la chute du coût alimentaire d’un troupeau (79 €/1 000 l en ferme AD non bio contre 149 €/ 1 000 l de moyenne en ferme Rica).
Au total, les charges courantes d’une exploitation en agriculture durable seraient inférieures d’environ 71 000 €, « soit plus de 28 % d’économie », précise le Civam, en analysant de manière détaillée les charges et les produits. Avec moins de production, mais moins de charges, le système herbager trouve son équilibre économique.
Les fermes en agriculture durable non bio seraient aussi plus résilientes face à la volatilité du prix du lait que les fermes Rica. Sur une période d’une dizaine d’années, les revenus courants des fermes Rica sont plus instables que celles en agriculture durable, et varient en fonction du cours du prix du lait.
Impact sur l’environnement
Le Civam souligne aussi le faible impact sur l’environnement des exploitations en agriculture durable par rapport à la moyenne des fermes Rica. Alors que l’agriculture est le second poste d’émissions de gaz à effet de serre en France d’après l’Insee, le Civam observe une plus faible pollution liée à l’azote et aux produits phytosanitaires, une plus faible consommation d’énergie et d’eau.
Au final, le bilan carbone d’une ferme en agriculture durable est moins élevé que la moyenne des fermes Rica, notamment grâce aux prairies et haies. Plus présentes dans ces systèmes, elles stockent une partie du carbone émis par le reste de l’activité agricole.