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L’élevage de 110 mères salers d’Alexandre Cresp est réglé comme du papier à musique. Son système naisseur-engraisseur a pour fil conducteur la simplification du travail. « Je cultive 300 hectares de blé, betteraves, plants de pomme de terre, lin textile et colza. L’élevage est un complément d’activité en hiver », décrit-il. Sur la période d’été, les animaux sortent sur les 50 hectares de pâtures et vêlent autour de septembre. « Je réalise un croisement sur mes salers avec un taureau charolais, à hauteur de 40 % du troupeau (lire l’encadré ci-dessous). À l’engraissement, je garde tous les croisés. »
Depuis bientôt trente ans
Ce croisement est en place sur l’exploitation depuis bientôt 30 ans. Toutes les données, Alexandre les a en tête. « L’intérêt, il est économique », affirme le chef d’entreprise assis à son bureau. Sans jeter un seul coup d’œil sur ses documents de suivi, il poursuit. « Grâce au croisement, j’engraisse les taurillons 60 jours de moins. À environ deux euros d’entretien par jour, j’économise 120 € par animal. Et en plus, ils finissent avec une meilleure conformation. »
Les bovins croisés se classent sur le marché dans la catégorie U–, tandis qu’en salers pur, ils sont plutôt qualifiés R= ou R–. Et en poids de carcasse, les croisés affichent 30 kg de plus. « La conformation apporte un écart de prix de 0,10 à 0,15 €. Sur des animaux de 450 kg, je gagne de 45 à 70 €, souligne Alexandre. Cette valorisation, ainsi que la réduction des charges, m’apportent une marge de 200 € par tête pour les croisés salers-charolais. »
Le choix des mères à croiser est également basé sur des données chiffrées. En dessous de 107 d’index de valeur maternelle, la vache salers est mise à la reproduction avec un taureau charolais. « La production laitière des mères est importante, puisque les veaux ne sont pas complémentés. » Les génisses n’ont pas leur taille adulte, c’est pourquoi Alexandre les insémine avec les taureaux salers, pour ne pas « risquer des complications au vêlage ».
Bien choisir le taureau
Didier Oden, responsable de Bovins Croissance au sein d'Avenir Conseil Élevage (Nord), chiffre les gains de croissance observés sur le troupeau. « Entre la naissance et l’abattage, les croisés obtiennent un gain moyen quotidien (GMQ) de 810 grammes, contre 671 pour les salers de race pure. » Des bases de données régionales sont disponibles pour comparer les performances de l’élevage à ceux des environs. « C’est un croisement assez réputé, car les croissances sont impressionnantes sur les animaux salers-charolais. »
Pour autant, la sélection n’est pas faite au hasard. « J’ai trois taureaux salers que j’achète en station et deux charolais qui proviennent des fermes voisines », précise Alexandre. Facilité de vêlage et bon compromis squelette-muscles sont les principaux éléments observés. « C’est assez compliqué de trouver un bon taureau pour du croisement, confie Didier Oden. Il ne faut pas qu’il dégrade les qualités de la race du troupeau de base. »
Pour Alexandre Cresp, une erreur dans le choix du reproducteur coûterait cher. « Quand on se trompe de taureau, on met trois ans à réagir, le temps de voir ce qui n’a pas fonctionné. Je réduis les risques en ayant deux taureaux charolais. »