« Nous conduisons notre troupeau de 280 mères salers inscrites au herd-book en système herbager de montagne sur 420 ha de prairies, dont 200 ha d’estives », explique Patrick Malacan, associé avec son épouse Béatrice et leur fils Antoine. Audrey, la compagne d’Antoine, est salariée à mi-temps du Gaec, situé à Vèze (Cantal) à 1 120 m d’altitude.
Passionné par la race salers, Patrick démarre une sélection active du troupeau dès son installation sur la ferme familiale en 1984. Il pilote soigneusement les accouplements et le renouvellement du cheptel dont les origines Labro et Brousse parlent aux sélectionneurs salers. Antoine est tout aussi passionné de génétique, et connaît le patrimoine génétique de chacune des vaches du troupeau.
Depuis son arrivée sur la ferme en 2017, 20 % des mères sont croisées en charolais pour diminuer le nombre de génisses pures et la charge de travail. Les veaux croisés nés de vaches « moins bonnes » ou décalées sont repoussés après sevrage pour être vendus à 440 kg vif de janvier à juin (3,40 €/kg vif en 2023).
100 % de monte naturelle
Les vêlages des salers conduites en race pure se déroulent de janvier à avril. Les vaches sont en stabulation par lots de 42 têtes constitués en fonction des dates de mise bas. Une dizaine de taureaux, nés sur l’exploitation ou en provenance d’élevages fidélisés assurent 100 % de monte naturelle. 80 % des saillies se font en bâtiment entre le 15 mars et le 15 mai. L’objectif ? Éviter toute consanguinité et améliorer les qualités de race. Les éleveurs visent un bassin bien dessiné et ouvert, de belles mamelles, une bonne ligne de dos, de l’épaisseur de dessus, de la profondeur de poitrine, sans oublier une belle allure (cornage, port de tête…) et le gabarit (vaches pesant de 700 à 800 kg).
Un « casse-tête « auquel participe aussi Sébastien Blanc, du service en charge du conseil en bovins viande à la chambre d’agriculture du Cantal. « La conduite rigoureuse de ce grand troupeau porte ses fruits, précise le technicien. En 2022, année de grande sécheresse, le GMQ de la naissance à 210 jours a été de 952 g sur 130 mâles (1 034 g en 2021) et 900 g sur un lot de 130 femelles (921 g en 2021). Ces résultats témoignent de la valeur laitière des mères et de leur capacité à valoriser l’herbe et le foin dans un système extensif de montagne. » En 2022-2023, l’intervalle vêlage-vêlage est de 375 jours avec 38 primipares, un âge moyen du troupeau de 6 ans et une mortalité de 2 %.
Des génisses sont vendues comme reproductrices (voir l'encadré) en France et à l’étranger. Ce débouché concerne aussi une vingtaine de mâles. Les autres sont repoussés en broutards de 400 kg vifs (vendus 2,85 €/kg vifs de moyenne). « Les points forts de nos animaux sont le vêlage et la capacité d’adaptation », précisent les éleveurs fiers de les présenter régulièrement en concours national, au Sommet de l’élevage et au Salon de l’agriculture à Paris. Lors du dernier concours national à Saint-Flour, l’élevage a obtenu le prix d’honneur et deux prix de championnat en femelle adulte et jeune femelle.