Le Réseau action climat regroupe une trentaine d’associations environnementales autour de la lutte contre le changement climatique. Dans une évaluation publié le 13 mai 2025, le Réseau déplore les pratiques des distributeurs « qui ne prennent pas encore ou très peu en considération les enjeux écologiques et de santé publique ». Ces pratiques sont « en contradiction avec les recommandations alimentaires officielles, qui préconisent de limiter la viande et la charcuterie, et de consommer davantage de protéines végétales », souligne le Réseau.
Néanmoins, par rapport à la précédente édition de l’enquête réalisée en 2023, le Réseau action climat observe « des progrès en matière de transparence, d’engagements et de plans d’action ». Ainsi, trois enseignes de la grande distribution se démarquent, dont deux dépassent la moyenne. Il s’agit de Carrefour avec une note de 12,5 sur 20, et de Monoprix à 12 sur 20, suivis de près par Coopérative U à 10 sur 20. Aldi et E. Leclerc font figure de mauvais élèves avec respectivement 2 sur 20 et 4,5 sur 20.
Auchan, Lidl et Intermarché sont intermédiaires dans ce classement où les grandes enseignes sont évaluées sur vingt-neuf critères portant sur trois grandes thématiques : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la vente de viande et de produits laitiers de qualité, la promotion d’une alimentation plus végétale.
« Vendre moins et mieux de viande »
« Sur l’enjeu du « moins et mieux », seules trois enseignes atteignent ou flirtent avec la moyenne », estime le Réseau action climat dans son rapport d’évaluation. « Coopérative U reste leader grâce notamment à ses approvisionnements en produits issus des filières Bleu Blanc Cœur ». Monoprix a elle « gagné des points grâce à une hausse de la représentation des steaks hachés et poulets biologiques, Label Rouge et Bleu Blanc Cœur dans ses rayons ». Et Carrefour est seule « à indiquer publiquement un objectif de réduction de ses ventes de protéines animales », souligne encore le rapport.
Magré tout « aucune enseigne ne dépasse la moyenne », explique le Réseau action climat car « l’essentiel des produits carnés et laitiers proposés en magasin est issu d’élevages intensifs ». D’autre part, « les distributeurs continuent à inciter à la surconsommation de viande et de produits carnés ultra-transformés ».
Les pratiques des enseignes sont en « contradiction flagrante » avec leurs engagements à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre « puisque la viande est la catégorie de produits qui pèse le plus dans leurs émissions », indique le rapport.
S’agissant de la promotion des protéines végétales, le Réseau observe « qu’à part Auchan qui se situe au milieu du guet, il y a clairement Carrefour et Monoprix d’un côté, et le reste des distributeurs de l’autre ». La végétalisation faisant en effet clairement partie des axes stratégiques de Carrefour comme de Monoprix.
Les pouvoirs publics sont pointés du doigt
Pour cette édition de 2025, le Réseau action climat a réalisé une enquête inédite des pratiques de distributeurs en Europe. Ses conclusions appuient sur le « retard » des enseignes françaises, « à la fois en termes d’ambition sur le climat, de limitation des promotions pour la viande et les produits trop gras, sucrés et salés, et de développement de l’offre et des ventes de protéines végétales comme les légumineuses ».
Le Réseau considère que « le degré d’avancement des distributeurs allemands, britanniques ou néerlandais s’explique en partie par l’adoption par les pouvoirs publics de lois et de stratégies ambitieuses pour une alimentation plus saine, végétale et durable ce qui fait largement défaut en France ».
À ce titre, le rapport pointe notamment le « retard sur le calendrier de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat ». Outre les délais, c’est aussi sur le fond que le Réseau action climat avait critiqué le projet du gouvernement en matière d’alimentation durable, à l’occasion de l’ouverture de la consultation publique le 4 avril dernier.
Le Réseau action climat conclut son évaluation par 41 recommandations dont dix « prioritaires » destinées aux pouvoirs publics. La première est de « fixer un cadre et un cap clair pour la transition écologique de l’agriculture française ». Deuxièmement, d’« adopter un plan en faveur d’une alimentation plus végétale et plus durable ».
Pour le Réseau action climat, la Stratégie nationale « doit aussi fixer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande, assortis de mesures pour réduire les importations, favoriser la consommation de viande de qualité produite en France et garantir aux éleveurs une juste rémunération ».
La version définitive de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat est attendue pour l’été.