À la fin de mars, le président de la République annonçait un plan eau dont un volet concerne la réutilisation des eaux usées traitées. Dans un contexte de sécheresses de plus en plus longues et fréquentes, les industries agroalimentaires attendent avec impatience le décret d’application permettant de le faire. Elles sont prêtes, à l’exemple de la coopérative porcine Cooperl.

Sur son site de Lamballe (Côtes-d’Armor), la coopérative traite chaque année 750 000 m³ d’eaux usées. Après traitements et filtrations (ultrafiltration, osmose inverse), l’eau recyclée est utilisée pour laver les camions et bétaillères, les sols des bâtiments qui n’ont pas de contact avec l’alimentaire. Elle sert aussi pour brumiser les animaux sur le site d’abattage et pour les tours aéroréfrigérantes. Le recyclage actuel permet une économie de 350 000 m³. Il n’est pas possible d’aller au-delà compte de la réglementation sanitaire. Les 400 000 m³restants sont relargués à la rivière ce qui représente une piscine olympique par semaine. La Cooperl voudrait donc aller plus loin.  « À court terme, nous avons le moyen de réutiliser 80 000 m³ supplémentaires pour le prélavage des boyaux et encore plus à moyen et long terme, explique Bertrand Convers, délégué des relations extérieures de la coopérative. Tout est prêt, nous avons à tourner une vanne pour que ce soit opérationnel (tuyauterie, procédure…). Il faudra toutefois obtenir l’autorisation administrative. »

1 000 piscines olympiques

Lactalis, Sodiaal, Ardo (surgélation de légumes)… d’autres entreprises bretonnes sont dans les starting-blocks pour réutiliser les eaux traitées. L’association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA) travaille sur le sujet depuis quatre ans. Une étude menée auprès de 28 sites industriels démontre que la levée des verrous réglementaires permettra d’économiser plus de 2,5 millions de m³d’eau potable chaque année, soit l’équivalent de 1 000 piscines olympiques. Le potentiel d’économies est donc considérable et la publication du décret très attendue.