Les fruits et légumes seront-ils un sujet des élections européennes de juin 2024 ? Ils le mériteraient, estime Interfel, l’interprofession des fruits et légumes. Elle s’appuie sur une étude internationale menée par le cabinet de sociologie Bona Fidé dans cinq pays : la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas.
« La convergence principale en Europe, c’est le besoin d’aller vers une alimentation plus végétale. C’est aussi bien un enjeu de santé que de production. Nous comptons bien que ce sera un sujet politique parce que les leviers d’action se situent au niveau européen afin d’établir une véritable politique de prévention de santé et d’accessibilité aux fruits et légumes frais », résume Laurent Grandin, le président d’Interfel. À l’appui de son opinion, il avance le coût actuel du traitement de l’obésité : il est estimé à 30 milliards d’euros actuellement et il est anticipé, avec les tendances actuelles, à 100 milliards en 2030.
Retard de consommation
La France est loin de ses objectifs de consommation. Le minimum de consommation quotidienne recommandée est fixé à 400 grammes par jour. Les Français sont nettement en retrait avec 321 grammes. Ce qui les place nettement en dessous de la moyenne européenne de 350 grammes et en treizième position des 27 pays de l’Union, selon les mesures de Freshfel, l’association européenne des producteurs. Et pourtant, les Français sont ceux qui ont le mieux intégré les recommandations alimentaires. Ils sont 21 % à déclarer manger cinq portions quotidiennes de fruits et légumes frais alors que la moyenne européenne atteint 9 %.
L’enjeu de végétaliser l’assiette recueille un consensus dans l’opinion publique. Dans l’ensemble, les Européens interrogés sont d’accord à 64 % avec cette idée. La répartition nationale ne montre pas d’écart important par pays. La France se situe à 59 %, les pays du sud (Espagne et Italie) autour de 77-78 %, et les pays du nord (Allemagne et Pays-Bas) à 52-54 %. En France, ce score a augmenté de sept points, comparé à un précédent questionnaire de l’Ifop en 2022.
Le prix, principal frein
Qu’est-ce qui bloque, alors ? La réponse est nette pour les personnes interrogées : le prix. 30 % des Européens affirment ne pas avoir les moyens financiers d’acheter autant de fruits et légumes qu’ils le souhaiteraient. La France se détache de façon négative : ce taux monte à 45 %, faisant nettement monter la moyenne qui, sans ça, arriverait à 26 %. Ce sentiment s’accroît bien évidemment avec l’inflation des derniers mois.
Et pourtant, selon l’interprofession, le prix moyen des fruits et légumes en 2023 devrait avoisiner 2,10 euros le kilogramme. « Nous sommes loin d’un prix inaccessible pour la plupart des gens, même s’il ne faut pas ignorer que huit millions de personnes ne peuvent pas accéder aux fruits et légumes. Le chantier sur lequel nous devons travailler est donc celui de la perception du rapport du prix et de la valeur des produits frais pour la santé », commente Laurent Grandin.
Pour les Français, fruit rime avec prix (26/02/2024)
Politique de santé
Cette problématique se pose aussi dans les politiques européennes qui pourront résulter des élections de juin. « Les fruits et légumes, alors que leurs bienfaits sont prouvés, sont nettement sous financés par les politiques de santé. Ce problème se retrouve partout. La convergence d’opinion montrée par l’étude de Bona Fidé (1) milite donc bien pour une action d’ampleur européenne », conclut le président d’Interfel, qui s’efforce déjà de présenter ses propositions aux équipes de campagnes.
(1) Enquête de Bona Fidé pour Interfel. 4 000 personnes interrogées en France, Allemagne, Espagne, Italie et Pays-Bas du 26 au 29 janvier 2024 (800 personnes par pays).