Interfel, l’interprofession des fruits et légumes, dévoile la dixième vague d’enquête sur la confiance des consommateurs envers les fruits et légumes ce 26 février 2024 (1), dans le cadre du Salon international de l’agriculture. Comme l’année dernière, l’inflation continue de peser sur les décisions d’achats, même si les Français sont plutôt enclins à trouver des stratégies de maintien de leur budget que de réduire drastiquement leurs achats d’aliment frais.
Parmi les guides de leurs choix, le label bio enregistre un déclassement depuis deux ans. Et, à plus long terme, les consommateurs intègrent désormais les changements qu’entraînera le réchauffement climatique : ils ne craignent pas vraiment une baisse de l’offre disponible, mais ils appréhendent que leur alimentation doive changer.
La confiance reste
La confiance des Français dans les fruits et légume frais reste à un niveau très élevé (94 %) depuis quatre ans. Elle s’inscrit dans une confiance envers les produits frais en général, comme la viande, les produits laitiers, etc. Les leviers de la confiance cités spontanément sont l’origine (30 %), l’aspect visuel (26 %) et la maîtrise de l’approvisionnement (21 %), c’est-à-dire la saisonnalité, la confiance dans le vendeur, etc. 82 % sont satisfaits des fruits et légumes frais.
En revanche, les Français ont le sentiment de pas être bien informés sur le sujet. En tombant à 54 %, ce critère continue de chuter. Il revient en fait à son étiage traditionnel d’avant le Covid. Durant cette période, ce chiffre avait fait un bond parce que les médias avaient beaucoup parlé des fruits et légumes de proximité. Maintenant que la crise est passée, les Français reprennent leur comportement sans capitaliser sur les connaissances acquises pendant cette période.
L’agriculteur perd en influence
Les influenceurs reconnus de leurs achats restent globalement les mêmes : les associations de consommateurs (largement en tête), puis un paquet composé des professionnels de santé, de la famille et des amis, et des primeurs et commerçants de proximité. Les agriculteurs, qui faisaient partie de ce deuxième groupe depuis deux ans, perdent en influence et retombent à leur niveau d’avant le Covid.
Parmi les labels et les logos cherchant à rassurer les choix du consommateur (zéro pesticide, vergers écoresponsables, AOP, etc.), la valeur de l’agriculture biologique connaît une dépréciation (–9 % par rapport à 2020). Dans les détails mensuels, il semble que le décrochage de la bio était plus fort au début de l’année 2023, se redressant en fin d’année. « Ça montre surtout que la filière doit travailler sur la perception de la valeur du bio par rapport à son prix », commente Laurent Grandin, président d’Interfel.
La mention France rassure
Puisqu’il est dans l’air du temps d’envisager de mentionner l’origine française sur les produits agricoles, l’institut CSA a testé l’effet d’une telle indication sur les fruits et légumes. Elle semble très efficace puisque les Français répondent à 66 % et 67 % qu’ils accordent une plus grande confiance à une mention France ou locale. Ce qui la hisse au niveau des meilleurs logos ou labels.
Mais la question suivante cherche à savoir ce qu’entendent les consommateurs quand ils parlent d’origine locale. En fait, c’est très flou. Ils sont partagés à parts égales entre le définir comme la région, le département ou la commune.
Le prix en tête
Parmi les événements marquants cités spontanément par les consommateurs, la hausse des prix fait un bond : à 14 %, il est équivalent à l’enquête de la fin de 2022, alors qu’il n’était que de 3 % en 2021. Le prix entre désormais à la troisième position des critères de choix des fruits et légumes (à 44 %), derrière la saisonnalité (65 %) et la provenance (63 %) et devant l’aspect visuel (41 %). Trois Français sur cinq se déclarent inquiets de ne pas pouvoir acheter de fruits et légumes frais à cause de l’inflation.
Un Français sur quatre déclare avoir réduit ses achats de fruits et légumes frais. Ils n’étaient qu’un sur cinq l’an passé. Mais on pourrait préciser : seulement un Français sur quatre, quand on compare les réponses à la même question pour la viande (50 %) ou les poissons (40 %).
Les stratégies des consommateurs se renforcent par rapport à l’année dernière, quand l’inflation alimentaire avait déjà commencé : comparer les prix (70 %), acheter moins (50 %), acheter plus en saison (47 %), acheter moins de variétés différentes (34 %).
En revanche, ils restent attachés à consommer cinq fruits et légumes par jour (au moins pour le déclarer si ce n’est les acheter). 85 % estiment que c’est essentiel ou important. Leurs arbitrages vont donc vers un glissement de gamme pour maintenir leur consommation régulière.
Les effets du climat
Les consommateurs commencent à intégrer les effets du changement climatique sur leurs achats. 91 % ont conscience que leur alimentation va changer à long terme. Parmi ce chiffre, 21 % pensent qu’elle va très fortement changer. Ce sont un peu les ultra-inquiets. Ce chiffre double quand on isole uniquement la tranche des 18-24 ans qui sont ceux qui vivront le plus longtemps cette transformation. Le consensus est aussi général (93 %) pour prévoir encore un accroissement des prix des fruits et légumes dans les années à venir du fait du changement climatique.
(1) Les chiffres sont extraits de l’enquête annuelle réalisée par l’institut CSA auprès de 1 006 personnes représentatives de la population française ayant répondu à un questionnaire en ligne auto-administré du 23 novembre au 1er décembre 2023.