Le conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer a diffusé ses premières estimations de bilan pour la campagne de commercialisation de 2023-2024 le 12 juillet 2023. Les exportations de blé tendre vers les pays tiers sont attendues en baisse à 9,6 millions de tonnes (–500 000 tonnes, soit –5 % par rapport à 2022-2023).
En effet, une forte concurrence russe est attendue pour la campagne de commercialisation à venir. « La Russie a eu une récolte record en 2022, et se retrouve avec des surplus très importants à devoir écouler », rappelle Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.
Une politique chinoise difficile à anticiper
Une incertitude forte demeure toutefois sur le niveau d’importation de blé de la Chine. Le pays « devrait connaître une récolte en 2023 fortement dégradée à la suite des intempéries, souligne Marc Zribi. On estime que 15 % de la récolte pourrait être dégradée en qualité, et déclassé vers l’alimentation animale et les utilisations industrielles ». Cela représente 20 à 25 millions de tonnes, sur une récolte d’environ 145 millions de tonnes.
« Les autorités chinoises pourraient être tentées de compenser en remettant des stocks publics sur le marché, note Marc Zribi. Mais nous n’avons pas de visibilité sur les décisions. »
Pessimisme sur l’accord céréalier
Autre incertitude majeure pour les bilans céréaliers : le renouvellement ou non du corridor d’exportation en mer Noire. L’accord actuel est effectif jusqu’au 18 juillet 2023. « Les négociations pour son renouvellement semblent être intenses, estimait Marc Zribi, avant l’ultime week-end de négociations. Peu d’informations filtrent. » FranceAgriMer estime que « le pessimisme semble désormais dominer ».
Dans le cas d’un non-renouvellement, l’organisme s’interroge sur la capacité des agriculteurs ukrainiens à absorber le surcoût logistique inhérent à l’exportation via des circuits alternatifs (port sur le Danube, trains, camions). Actuellement, ce surcoût est chiffré à 80-100 dollars par tonne.
Forte hausse des exportations vers l’Union européenne
Les exportations de blé tendre vers les pays de l’Union européenne sont, quant à elles, attendues à 7,8 millions de tonnes (+1,4 million de tonnes, soit +22 % par rapport à 2022-2023). Elles sont prévues « en hausse vers le Benelux, l’Allemagne, l’Italie, l’Irlande, surtout vers le Portugal et l’Espagne », indique Adèle Dridi, chargée d’études économiques pour les céréales à FranceAgriMer. Cela s’explique selon elle par la mauvaise récolte dans ces pays.
Un disponible de 35 millions de tonnes
Selon le service de la statistique et la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture, la récolte de blé tendre de 2023 est attendue à 35 millions de tonnes. En prenant en compte le stock initial (2,8 millions de tonnes), les importations (160 000 tonnes) et la collecte (32 millions de tonnes), le disponible est attendu à 35 millions de tonnes. Un chiffre en hausse de 956 000 tonnes (+3 %) par rapport à la campagne de 2022-2023.