« L’industrie laitière privée est un secteur sous pression qui est loin de faire les marges qu’on imagine. » C’est le message porté par le directeur de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil) François-Xavier Huard, à l’occasion d’une conférence de presse le 24 septembre 2025 à Paris. Il présentait les résultats d’une étude de la Banque de France rendant compte de la situation économique et financière des industriels laitiers privés adhérentes entre 2020 et 2024 (1), en comparaison avec l’industrie agroalimentaire.
Une marge nette de 1 % en 2024
La Fnil se réjouit au travers de cette étude de pouvoir apporter plus de transparence au débat sur les marges des industriels privés du lait. Le secteur dégage une marge nette de 1 % en 2024, là où le reste de l’industrie agroalimentaire se situe à 3 %. « Avant 2020, cette marge était habituellement entre 1 et 2 % », rapporte le directeur de la Fnil.
Le syndicat tire la sonnette d’alarme : depuis la fin du covid, la marge des adhérents est en baisse régulière. Pire, « Il n’y a pas de rebond en vue qui permettrait de dire que la tendance s’inverse », s’inquiète François-Xavier Huard. Le problème : « l’incapacité » de relayer les hausses de coûts de production « aux niveaux des clients distributeurs ».
Un « risque de casse réel »
Résultat, la Fnil dépeint une industrie qui doit répondre à une grande liste d’enjeux de modernisation des outils industriels, de décarbonation, de prix du lait, mais « à la merci de n’importe quelle crise ». Elle avertit « d’un risque de casse réel ». Un phénomène en particulier inquiète le syndicat, celui du regroupement des centrales d’achat européennes.
Sur les 12 milliards de litres de lait transformés par la Fnil, la moitié part en GMS. Et parmi ce lait à destination de la GMS, 65 %, soit 4 milliards de litres sont soumis aux négociations avec des centrales d’achat européennes et échappent ainsi à la législation nationale, et en particulier à Egalim. « Si nous ne faisons rien, ce seront la totalité des volumes destinés à la GMS » qui seront pris dans cet « effet d’évasion législative », anticipe François-Xavier Huart.
Pour contrer le phénomène, la Fnil souhaite défendre auprès de la Commission européenne « que les négociations des produits agroalimentaires majoritairement composés de matières premières agricoles collectées, transformées, distribuées et consommés en France aient lieu exclusivement en France ». Un combat pas encore gagné car les autres États membres comme l’Allemagne ou les Pays-Bas sont pour l’instant « plus sensibles aux arguments des distributeurs » reconnaît la Fnil.
La Banque de France relève que l’industrie laitière privée française représente aujourd’hui 15 % de tout le chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire de l’Hexagone : 18 milliards d’euros contre 139 milliards au total.
(1) 95 % des industriels laitiers privés adhèrent à la Fnil