« La plupart des pays européens sont concernés par un recul de leur cheptel laitier sur des dix dernières années, y compris les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Italie », livre Olivier Carvin, chargé de mission en économie-emploi à la chambre d’agriculture de Bretagne dans la note de conjoncture produits laitiers de Chambre d’agriculture France publiée le 19 décembre 2024.
Par ailleurs, les prévisions de la Rabobank, banque agricole néerlandaise, estiment que « la production cumulée des pays du Nord (Belgique, Danemark, Pays-Bas, Allemagne — soit 40 % de la collecte européenne) devrait se replier de 13 à 20 % à l’horizon de 2035 » rapporte l’économiste. La tendance actuelle observée en France serait donc les prémisses d‘un « mouvement général européen pour la décennie à venir ». Seule la Pologne tirera son épingle du jeu.
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+ 30 % de collecte en 9 ans
Depuis l’adhésion du pays à l’Union européenne en 2004, le secteur laitier polonais est en pleine restructuration. La collecte a bondi de près de 30 % entre 2013 et 2022. Les principales coopératives s’agrandissent par rachat, les entreprises étrangères investissent. « DMK, la principale coopérative laitière allemande, a annoncé avoir pour projet de racheter Mlekoma Dairy, produisant de la poudre de lait. » Lactalis n’est pas en reste, avec cinq sites de production dans le pays.
Par ailleurs, les exploitations s’agrandissent et la productivité des vaches laitières a progressé de 30 % en dix ans. Sans compter « qu’il existe une marge de manœuvre pour accroître la productivité, [aujourd’hui] inférieure de 20 % à la productivité moyenne des vaches laitières en France », précise Olivier Carvin.
Renversement de tendance pour l’Irlande
Si l’Irlande a connu une progression de cheptel de 40 % sur la dernière décennie, la plus forte au niveau européen, la tendance semble s’inverser. « Le pays voit son cheptel reculer depuis cet été », observe Olivier Carvin. En juin, l’île d’Émeraude a perdu 22 500 vaches laitières sur un an, soit 1,4 % du cheptel. Derrière des causes conjoncturelles liées aux conditions climatiques et à des chutes de prix, l’économiste soupçonne un effet des normes environnementales.
Aux Pays-Bas, la direction est déjà indiquée. « Le gouvernement a un objectif de réduction de 30 % du cheptel laitier d’ici à 2030. 3 milliards d’euros ont déjà été dépensés en compensation pour les agriculteurs volontaires à la fermeture de leur site d’élevage. »
« Seule la Pologne semble aujourd’hui échapper à la dynamique de production baissière, en attendant, peut-être, l’émergence de filières laitières compétitives dans d’autres pays d’Europe de l’Est », conclut Olivier Carvin.