« Les importations chinoises de produits laitiers ont baissé de 27 % en 2022. » C’est le constat dressé par Jean-Marc Chaumet, directeur de l'économie au Cniel, l’interprofession laitière, à l’occasion de la journée « Marchés mondiaux du lait », organisée par l’Institut de l’élevage, le 7 juin 2023 à Paris.
La Chine est le troisième meilleur client de la France pour les produits laitiers. « Le pays est traditionnellement un grand importateur. Mais l’année 2022 a été marquée par une tendance à la baisse des achats chinois sur le marché international », expose l’agroéconomiste. Les causes ? Outre l’habitude prise par le gouvernement de stocker les approvisionnements, la production laitière de l’empire du Milieu connaît un sursaut de 29 % depuis 2018. À tel point que son autosuffisance en lait est estimée entre 70 et 78 %. « La production chinoise a grimpé de 7,5 % entre 2021 et 2022 », note Jean-Marc Chaumet.
Fermes de 5 000 vaches
Malgré ce bond de production, la demande intérieure chinoise peine à suivre. Le pouvoir d’achat s’est essoufflé à la suite de la pandémie de Covid-19 et le taux de chômage est en hausse. « La croissance économique du pays ne suffit pas à absorber tous les demandeurs d’emploi », explique Jean-Marc Chaumet. Alors, face au manque de dynamisme de la demande, certains élevages ferment leurs portes et les surplus de lait sont transformés en poudres grasses.
Cependant, pour Jean-Marc Chaumet « le tassement de la demande n’est qu’une tendance à court terme ». Et la dynamique laitière chinoise a des conséquences : elle favorise l’essor de grands élevages au détriment des petits, plus fragiles. « 50 % des fermes élèvent plus de 1 000 vaches, 25 % plus de 5 000. Seules 30 % des exploitations comportent moins de 100 vaches laitières », constate Jean-Marc Chaumet. Et c’est la même rengaine du côté des collecteurs : les trois premières firmes occupent 70 % du marché.
Déplacement de la dépendance
L’augmentation de la production laitière en Chine est à relativiser. « La filière reste très dépendante des matières premières du marché international », expose le directeur de l'économie au Cniel. L’empire du Milieu importe pas moins de 90 % du soja destiné à l’alimentation du bétail. Et la demande du pays pour le maïs explose. En conséquence, la Chine est très dépendante des cours du marché. « Il s’opère un déplacement de la dépendance traditionnelle chinoise aux produits laitiers vers les matières premières. Seulement 14 % des fermes chinoises produisent plus de 50 % de leur alimentation », observe l’agroéconomiste.
Sans compter que la génétique des vaches laitières chinoises n’est pas encore au rendez-vous. « 30 % du renouvellement annuel des troupeaux se faisait grâce à l’importation d’animaux vifs depuis la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou le Chili ». Problème, la Nouvelle-Zélande a interdit l’exportation d’animaux vivants depuis avril 2023 et la Chine a « bien conscience que la génétique de son cheptel n’est pas aussi performante ».