« La décision d’investir dans un andaineur en commun a été prise à l’automne 2017 se souvient Alain Jourel, le président de la Cuma l’Insolite à La Peyratte (Deux-Sèvres). Le groupe est majoritairement constitué d’éleveurs allaitants et, à l’époque, nous étions très nombreux à réaliser de l’enrubannage. Chacun était équipé en individuel pour faucher, faner et récolter. Il nous fallait donc un andaineur affichant un gros débit, pouvant passer rapidement de ferme en ferme. En pleine période d’activités, nous avons parfois jusqu’à cent hectares à ramasser en deux jours, et si la météo menace, personne ne veut attendre. » La Cuma a choisi un modèle Europe MKS de la marque Sitrex, équipé de 16 roues dentées en forme de soleil, montées en V sur un châssis semi-porté. Selon l’angle d’ouverture, la largeur de travail peut atteindre jusqu’à 9,60 m, le chauffeur s’adaptant à la quantité de fourrage. Le tracteur roule généralement à 15 km/h, voire davantage si les conditions du terrain le permettent. Un modèle de 80 ch suffit.
Conception simple
Les soleils sont fixés sur des roulements individuels, sans entrainement mécanique ni hydraulique. Ces éléments tournent naturellement grâce au frottement des dents sur le sol dès que le tracteur avance et poussent le fourrage vers le centre de la machine. Chaque soleil dispose d’un ressort de pression qui peut être retendu individuellement : il est ainsi possible d’augmenter le travail des dents derrière les roues du tracteur. Ces ressorts sont également tous reliés à une même barre pivotante que le chauffeur peut faire tourner pour ajuster la pression sur l’ensemble de la largeur.
« Cette machine nous a également plu en raison de sa conception simple, ajoute Pascal Jourel, le frère d’Alain. Nous en sommes à notre huitième campagne et les frais d’entretien sur cet appareil ont été relativement limités. En comparaison, un giro-andaineur standard à deux rotors est équipé d’une transmission avec des cardans, des boitiers et des renvois d’angle pour animer les bras. Cela fait autant d’éléments susceptibles de s’abimer avec le temps. À l’usage, un andaineur à double rotor nous aurait certainement couté plus cher en maintenance et il n’aurait pas avalé autant d’hectares. »
Essieu suiveur
Pour faciliter les manœuvres en bout de champ, l’andaineur est équipé d’un essieu suiveur, piloté par un vérin au niveau de l’attelage avec le tracteur.
Deux soleils supplémentaires, placés au centre du châssis, soulevent et aérent le fourrage situé dans l’axe de l’andain. « Depuis le départ, nous n’avons pas eu de gros soucis avec ce matériel, précise Pascal Jourel. Seule la récolte de 2024 a été plus compliquée. En raison du printemps humide, nous avons fauché des fourrages bien avancés en stade, avec des tiges très longues. Résultat : des brins passaient de l’autre côté des soleils et s’entouraient autour de l’axe, bloquant la rotation. Il fallait souvent descendre pour les enlever. Nous l’avons signalé au constructeur qui a réagi rapidement en nous fournissant des couronnes de protection que nous avons montées nous-mêmes.»
Selon les adhérents de la Cuma, ce principe de ramassage du fourrage réalise des andains plus homogènes en largeur, comparés à ceux conçus avec giro-andaineurs à rotors classiques. « Quand je presse, cela se voit aussi à la forme des bottes : elles sont autant chargées sur les côtés qu’au milieu, explique Alain Jourel. Globalement, nous sommes satisfaits de cet andaineur qui offre un rendement de chantier élevé, sans dégrader la qualité du fourrage, ni créer d’enroulement des brins comme le faisait parfois les soleils de nos grands-parents. »