La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait demandé à Olivier Thibault, le directeur général de l’Office français de la biodiversité (OFB) d'« assurer de manière immédiate la discrétion des armes [portées par ses agents] en cas de contrôle ». Le travail est en cours a-t-il assuré cinq jours après, lors de son audition au Sénat le 4 décembre 2024.

Devant les sénateurs qui l’interrogeaient sur les conclusions d’un rapport d’information porté par le sénateur Jean Bacci sur l’OFB crée il y a cinq ans, Olivier Thibault a également indiqué qu’il était favorable à l’usage par les agents de caméras piétons pour faire baisser les tensions en cas de contrôle. Une autre mesure annoncée le 29 novembre par Annie Genevard « à titre expérimental ». La publication d’une circulaire de la ministre de l’Agriculture cosignée avec la ministre de la Transition écologique est imminente. Elle suivra celle publiée il y a un mois sur le contrôle unique.

Un tir recensé

S’il juge légitime que « la visibilité de l’armement soit proportionnée », Olivier Thibault continue de s’opposer au désarmement des agents de l’OFB comme le réclament la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (la Coordination rurale demandant de son côté la dissolution de l’office). C’est pour lui une question de sécurité tout en indiquant que sur « 80 situations de tensions assez fortes » sans indiquer sur quelle période, l’arme a été sortie quatre fois pour un tir.

« C’était à Mayotte alors qu’un agent avait une machette sous la gorge », tout en soulignant que les contrevenants avaient été condamnés à 7 et 12 ans de prison ferme. « L’arme n’est pas là pour être utilisée. C’est de la dissuasion, pour associer l’arme et l’uniforme à l’État de droit. »

« Pourquoi un agriculteur a peur quand il voit un agent de l’OFB ? »

« Mais la vraie question à se poser, c’est pourquoi un agriculteur qui voit débarquer un agent de l’OFB a peur ? », a ajouté Olivier Thibault. Il l’explique par un « sentiment d’insécurité de l’agriculteur devant le respect de la loi environnementale ». L’agriculteur « ne sait pas ce qu’il doit exactement faire pour ne pas être à risque vis-à-vis de l’environnement ».

« Je comprends pleinement les agriculteurs essayant de s’en sortir avec une rémunération insuffisante à la fin du mois et à qui on demande des contraintes supplémentaires en plus, qui ne sont pas pour eux mais pour la société et les citoyens. Ils ont l’impression de fournir un effort gratuit », a-t-il indiqué tout en plaidant pour la rémunération de celui-ci.

La « bête noire » des syndicats

Alors que l’OFB continue d’être la cible, encore récemment, lors d’actions syndicales agricoles, Olivier Thibault a réagi en expliquant son impression que l’OFB est « une bête noire utile pour souder les troupes contre un objectif commun ». « Quand notre implantation se fait murer et que la raison avancée, c’est le désaccord sur le Mercosur, je ne suis pas certain que l’OFB ait le moindre impact sur l’accord du Mercosur », prend-il pour exemple.

Interrogé sur l’ambiance dans les rangs des agents de l’OFB, Olivier Thibault a répondu que la situation était « très dure » tout en montrant qu’il avait amené avec lui « la petite collection d’insultes » reçue depuis six mois au travers de banderoles ou d’insultes personnelles.

Il balaye également au passage la critique qualifiant les agents de l’OFB « d’écolos bobos urbains alors qu’ils passent leur vie sur le terrain ».  « C’est plus simple de taper sur les gens que l’on connaît et que l’on voit plutôt que ceux qu’on ne connaît pas, a-t-il ajouté. L’OFB devient aussi le symbole d’un droit compliqué à comprendre et à expliquer ».