À l’occasion de sa conférence de presse annuelle, le lundi 12 février 2024, la CFDT Agri-Agro, « première organisation syndicale dans la filière agroalimentaire » est revenu sur la mobilisation massive des agriculteurs à la fin du mois de janvier. Si la CFDT Agri-Agro « n’a pas forcément pris parti », elle soutient certaines revendications, en particulier celle du revenu. « Il faut mieux répartir la valeur sur toute la chaîne alimentaire », revendique Franck Tiviergue, secrétaire national face à une loi Egalim qui n’est pas respectée.

À l’inverse de certains syndicats d’exploitants qui dénoncent un trop-plein de normes, la CFDT Agri-Agro plaide pour « un accompagnement beaucoup plus fort des démarches administratives, revenir sur les normes serait un recul non souhaitable pour la durabilité de notre agriculture ».

Alors que le gouvernement, par la voix de son Premier ministre, affirme vouloir « désmicardiser la France », Franck Tiviergue juge que « pérenniser les exonérations sociales [avec le dispositif TO-DE], c’est tout le contraire ! »

Les agriculteurs qui manifestaient contre un trop-plein de normes ont obtenu la pérennisation de ce dispositif visant à exonérer de cotisations sociales les salariés jusqu’à 1,25 smic. Mais cette mesure « crée de la précarité » et maintient les salariés à de bas salaires toute leur vie, fustige la CFDT. En 2020, le salaire moyen des employés agricoles s’élève à 1,3 fois le Smic d’après l’estimation de 2023 de l’organe de statistiques du ministère de l’Agriculture, Agreste.

Promouvoir le salariat

Face au défi du renouvellement des générations, le salariat est pourtant l’une des solutions, mais il faut pour cela rendre le métier attractif, défend le syndicat de salariés. Deux mesures doivent ainsi être mises en œuvre : « une meilleure rémunération, […] et l’amélioration des conditions de travail », soutient Benoît Delarce, secrétaire national de l'UPF Production agricole qui vante 2024 comme une « année des conditions de travail ».

Et pour cause, une proposition de loi qui vise à défendre les salariés agricoles a justement été déposée à l’Assemblée nationale en décembre dernier. Le député André Chassaigne (PCF), porteur de la proposition, espère voir une partie des mesures reprise dans le projet de loi pour le renouvellement des générations du gouvernement. Reporté plusieurs fois, il devrait être déposé au Conseil d’État d’ici à la fin du mois avec, dans le viseur, le Salon de l’agriculture, a annoncé Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture.