« Pac 2027 : dans quelle Europe, et pour quelle agriculture ? », tel était le thème de la table-ronde organisée par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), lors de son assemblée générale le 22 mars 2023 à Paris. « Demain, nous devons avoir une Pac de production pour assurer la souveraineté alimentaire. Les idéologies ne doivent pas être un frein et créer la pénurie », affirme Patrice Remaud, administrateur et président de la commission de l'économie de la FNPL.

« On a emmené les gens dans le mur »

Le responsable syndical espère qu’un scénario comme celui vécu par la filière biologique ne se reproduira pas à l’avenir. « On a encouragé les conversions et les exploitations sont mises à mal. Car aujourd’hui, il n’y a plus de clients. On a emmené des gens dans le mur et on ne peut pas se permettre de recommencer. Avant de décider d’un besoin, il faut se poser la question de savoir s’il y a un marché ».

« Je suis d’accord avec vous pour dire qu’il faut partir de la demande », répond Catherine Geslain-Lanéelle, directrice de la stratégie et de l'analyse politique à la direction de l'agriculture de la Commission européenne. « Nous avions émis des réserves sur des objectifs, séduisants mais ambitieux, quant aux 25 % de bio à l'horizon de 2030. » Car les prévisions de consommation restent périlleuses. « Que mangera-t-on dans quinze ans ? », s’interroge-t-elle, constatant « une évolution des régimes alimentaires avec moins de protéines animales ».

« La Pac ne peut pas tout »

« Avant de consommer davantage de protéines végétales, il faudrait déjà consommer moins de viande importée », s’agace Jérémy Jallat, éleveur administrateur de la FNPL. Et Patrice Remaud de souligner « l’injustice » de l’absence de mesures miroirs. « On ne peut pas tout imposer, tranche Catherine Geslain-Lanéelle. Sur le bien-être animal, on n’y arrive pas. Mais sur les nouveaux accords de libre-échange, il y a un chapitre sur le développement durable. »

La haut-fonctionnaire insiste sur la nécessité de communiquer sur les produits européens. « Il faut informer le consommateur que même le premier prix répond à des standards supérieurs aux produits importés des pays tiers, qui ne font que respecter de règles sanitaires. C’est un élément qui peut restaurer un niveau de concurrence comparable », analyse-t-elle, en rappelant que « la Pac ne peut pas tout ».