Le 4 juin 2019, Laurent Bailleau faisait naître les premiers poussins dans son bâtiment au sol bétonné de 1 260 m2. Il en est désormais à neuf bandes élevées selon la méthode Nestborn (1). « Une bande classique s’est intercalée dans les dix-huit derniers mois, mais je préfère faire naître les poussins. C’est plus technique, plus intéressant et leur démarrage est bien meilleur », affirme-t-il. Laurent fait partie du groupe pilote d’une quinzaine d’éleveurs, Nature d’éleveur, du volailler LDC. Il reçoit les œufs trois jours avant l’éclosion. « Le couvoir les apporte avec une machine à ventouse pour les manipuler », explique-t-il, en reconnaissant qu’il a appris à mieux connaître le maillon en amont de son élevage. « Je n’ai eu aucun investissement complémentaire à réaliser, puisque c’est le couvoir qui dépose le système de suivi d’éclosion, composé de huit sondes réparties parmi les œufs. Puis, il le reprend pour le nettoyer et le désinfecter. »
Surveillance accrue
Laurent commence à chauffer son bâtiment trois jours plus tôt que pour une bande classique. Pour la méthode Nestborn, la température doit être supérieure d’un à deux degrés. Une fois le sol réchauffé, il installe le « nid ». « Je prépare une bande de paille broyée de 2 mètres de large et de 5 à 7 centimètres d’épaisseur, étendue au centre du bâtiment sur toute sa longueur, poursuit-il. Les 25 500 œufs y sont déposés par le couvoir. J’installe aussi l’aliment de démarrage sur des bandes en papier. »
Les œufs arrivent à 10 h le matin et, dès 18 h, les premiers poussins sortent de leur coquille. « C’est impressionnant, confie l’éleveur. Ils sortent trempés et épuisés après deux à trois heures d’effort, mais il leur faut quelques minutes pour se reprendre. Il s’agit de laisser faire la nature ! »
Via une application connectée, les huit sondes fournissent à Laurent et au couvoir les relevés de température des œufs et l’avancement de l’éclosion, qui dure trois jours. « Quand le taux d’éclosion atteint 75 %, je commence à suivre la température cloacale des poussins durant six jours, ce qui me permet d’adapter la température du bâtiment », précise-t-il, en montrant le relevé de la bande en cours. Ils commencent à manger environ 24 heures après la sortie de l’œuf. « Je mets l’eau à disposition assez tôt même s’ils mangent avant de boire, indique Laurent. Au total, le taux d’éclosion dépasse 97,5 %. »
Des poussins plus calmes
Après la naissance, les coquilles restent au sol. « Les poussins jouent avec, poursuit-il. En moins de deux semaines, on ne les voit plus dans la litière, surtout avec le repaillage. » L’éleveur constate que les poussins sont beaucoup plus calmes lorsqu’ils naissent chez lui. « N’ayant fait que neuf bandes, il est difficile d’analyser la mortalité, mais la tendance est clairement à la baisse, dit-il. Je n’ai jamais dû traiter un seul lot né sur l’élevage. Et comme c’est le démarrage qui conditionne la qualité du lot, je ne reviendrai pas en arrière ! »
Pour Laurent, assurer la naissance des poussins c’est « une réelle évolution du métier d’éleveur, et le démarrage réellement facilité. Cette méthode permet aussi de montrer que l’on progresse sur le bien-être animal. » (lire l’encadré)
Yanne Boloh
(1) Brevet du groupe Vervaeke, auquel appartient le couvoir Aviloir, qui livre Laurent Bailleau.