Le constat est sans appel. « Entre 2010 et 2019, les importations de viande et préparations de poulet ont augmenté de 55 % (+213 000 tonnes-équivalent carcasse) alors que les exportations ont chuté de 91 000 tec (tonnes-équivalent carcasse) », selon une étude (1) réalisée par le cabinet AND international à la demande de FranceAgriMer sur le premier semestre de 2021, et dont la synthèse a été publiée le 4 octobre 2021.

 

La Belgique, dont « une partie des abattages concerne des animaux élevés en France », demeure le principal fournisseur de poulets des deuxièmes transformateurs, restaurateurs, et distributeurs français. « Mais la plus grande progression a été le fait de la Pologne (+29 000 tonnes de viande entre 2015 et 2019) », pointe l’étude.

 

L’industrie est le segment le plus dynamique, la consommation de viandes non transformées représentant désormais « seulement un peu plus de la moitié du marché ». Les ventes de poulet entier sont en recul, ce produit étant « progressivement remplacé par les découpes et les produits élaborés ».

 

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D’importants achats industriels

L’utilisation de volailles françaises varie selon les maillons. La grande distribution est « attachée à l’origine France sur la viande réfrigérée. » Les hard-discounters « progressent en origine France, mais restent significativement importateurs ». Sur les produits élaborés, « l’origine Union européenne perdure, en raison de la pression des prix ».

 

En restauration, les importations demeurent importantes. La loi Egalim pourrait toutefois donner un avantage à l’origine France sur la restauration collective. « Des parts de marché ont déjà été reprises », note l’étude. La restauration commerciale reste « attachée à l’importation », avec cependant « un souci grandissant du bien-être animal ».

 

Du côté de l’industrie, « de nombreux opérateurs majeurs importent toutes transformations confondues : conserves, sandwichs, panés, jambons… parfois en totalité de leurs achats ». L’indication de l’origine n’a « pas permis de faire baisser les importations de ces acteurs », constate le cabinet AND international. « À qualité égale, 0,50 €/kg d’écart sont acceptables, 1 €/kg ne l’est pas », selon les industriels interrogés par les auteurs.

 

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Une offre française peu compétitive

Car la volaille française se montre plus chère que la concurrence. Les écarts de prix varient entre « 0 et −12 % pour l’Allemagne, −10 à −15 % pour les Pays-Bas, −10 à −20 % pour la Belgique, −20 à −30 % pour la Pologne, et −30 à −40 % pour le Brésil ».

 

Par ailleurs, « la grande concentration de l’abattage-découpe en France incite les acheteurs à entretenir des relations avec des fournisseurs européens pour ne pas être en situation de dépendance ». Chez la concurrence communautaire, le nombre d’outils affectés aux débouchés industriels est également plus important.

Le « danger majeur » de l’European Chicken Commitement

Quant au maillon de la production, la filière française pourrait être fragilisée par l’évolution des demandes sociétales, notamment sur la densité d’animaux. La création de nouveaux bâtiments d’élevage est un processus lent et complexe en France, plus simple et plus rapide dans d’autres États membres [de l’Union européenne] ».

 

Dans ce contexte, le développement de la demande de l’aval (transformation, restauration, distribution) pour des viandes issues d’animaux élevés selon le cahier des charges de l’European Chicken Commitement (ECC) « pourrait mettre la filière française dans une situation plus délicate », estime l’étude, qui cette démarche comme un « danger majeur ».

 

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(1) Étude portant sur les flux d’importations de volailles en France. L’analyse porte sur l’année 2019, « 2020 est trop atypique pour pouvoir être comparée aux années précédentes ».