En visite à Paris le 1er décembre 2025, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a tenté de désamorcer l’hostilité française vis-à-vis du traité de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud. Lors d’un entretien accordé à France Info le soir même, le Luxembourgeois n’a pas mâché ses mots, qualifiant l’opposition française de « dogmatique ».
Un rejet de posture
Christophe Hansen a pris acte du vote symbolique de l’Assemblée nationale qui, le 27 novembre 2025, s’est prononcée à l’unanimité contre le traité. Toutefois, le commissaire estime que ce rejet transpartisan relève davantage de la posture que de l’analyse économique. « La France serait la grande gagnante d’un tel accord », a-t-il affirmé sur les ondes du service public, mettant en avant les opportunités d’exportation pour les certaines filières, notamment les vins et les fromages sous appellation protégée.
Face aux craintes d’une inondation du marché par des produits sud-américains (bœuf, volaille, sucre), Christophe Hansen a tenu à rassurer en rappelant l’existence de quotas accompagnés de droits de douane certes réduits, mais non supprimés. Il a également souligné la mise en œuvre de clauses de sauvegarde permettant de suspendre les importations en cas de déstabilisation du marché, ainsi que l’élaboration de clauses miroirs pour interdire les denrées traitées avec des pesticides prohibés en Europe.
Pour le commissaire, l’accord est aussi une nécessité géopolitique. Face à la fermeture progressive des marchés américains — sous l’impulsion des barrières douanières de Donald Trump — et chinois, l’Europe doit diversifier ses débouchés. « Je préfère pouvoir vendre nos vins dans des pays tiers plutôt que de financer leur déclin », a-t-il plaidé, évoquant également des négociations en cours avec l’Inde.
La fin de non-recevoir de la FNSEA
Ces arguments économiques et ces garanties sanitaires n’ont cependant pas convaincu les représentants de la profession agricole. À l’issue de sa rencontre avec le commissaire européen, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a exprimé sa déception. « Ce n’est pas le niveau de réponse que nous attendons », a-t-il déploré sur France Info également, dans la soirée du 1er décembre.
Pour le dirigeant syndical, l’unanimité des députés français est le « signe tangible » que le pays considère ce texte comme un « mauvais accord sur le plan agricole ». Si Arnaud Rousseau précise que la profession n’est pas opposée au principe des échanges commerciaux, il martèle l’exigence de réciprocité : « Ce qui compte pour nous, c’est que les règles qui sont exigées des producteurs agricoles européens soient respectées. »
Mobilisation le 18 décembre
Loin d’apaiser les esprits, cette séquence avec le commissaire a même cristallisé les positions. Arnaud Rousseau a d’ores et déjà annoncé avoir « appelé l’ensemble des syndicats européens à se mobiliser le 18 décembre à Bruxelles », date à laquelle se tiendra le prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, moment charnière où le sort de l’accord pourrait être scellé. La FNSEA prévient qu’en cas de validation du traité, d’autres mobilisations pourraient avoir lieu dès le mois de janvier.